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Le Procureur général a pris la décision le 8 juin dernier de clore définitivement les enquêtes dans le dossier Essam Atta, suite à une décision de la Cour d'appel de suspendre l'affaire. Essam Atta, détenu à la prison de Torah suite à un procès inéquitable devant une juridiction militaire d'exception, est décédé sous la torture en octobre 2011. Alkarama dénonce la décision de clore le dossier ainsi que le climat d'impunité des services de sécurité égyptiens.

Mohammed Atta, frère de la victime, a confié à Alkarama sa surprise devant la décision prise au nom de la Cour d'Appel du Caire d'abandonner les poursuites contre l'officier qui a torturé– avec d'autres policiers- Essam Atta, alors détenu à la prison de Torah.

Il a déclaré qu'il « ne pourrait jamais croire au bien-fondé de cette décision. »

Et d'ajouter: « J'ai entendu mon frère, quelques heures avant sa mort, me dire que cet officier l'avait torturé sans répit pendant deux jours, qu'il lui avait introduit un tuyau dans la bouche, les narines et l'anus et avait ouvert l'eau. Il avait été placé à l'isolement et forcé à boire un mélange d'eau, de lessive en poudre, de cigarettes et d'huile. Il souffrait de vomissements et de violentes douleurs à l'estomac. Et bien que son état se soit gravement dégradé, ils avaient refusé de le présenter à un médecin. Ce n'est qu'à l'agonie qu'il a été conduit à l'hôpital, où il est mort à son arrivée.»

Ces faits ont par ailleurs été confirmés par les anciens co-détenus d'Essam Atta : il est décédé suite aux tortures qui lui ont été infligées par l'officier et ses subalternes et non par l'ingestion de drogue, comme l'a prétendu le ministère de l'Intérieur et le département de médecine légale. Le rapport établi par le Dr Mohammed Salim, ex-chef de ce département, invalide cette thèse "absurde" selon lui, car la faible quantité de drogue que le rapport officiel prétend avoir trouvé dans le corps de la victime n'aurait pu en aucun cas avoir entraîné sa mort.

La mère d'Essam Atta, Inaam Ragheb est la dernière à avoir vu le jeune homme vivant lors de sa visite à la prison, le 25 octobre. Elle lui avait remis une carte sim, mais les surveillants de la prison s'en étaient aperçus. Ils avaient ramené Essam Atta en cellule et l'avait frappé avec une telle violence que la mère avait entendu son fils l'appeler à son secours. Ce sont ses codétenus qui ont informé la famille de la mort de Essam.

En novembre 2012, Alkarama avait contacté le Rapporteur spécial contre la torture des Nations Unies ainsi que le Rapporteur Spécial sur les exécutions extrajudiciaires à propos de la situation d' Essam Etta. La Fondation leur avait demandé d'intervenir auprès des autorités égyptiennes afin que soit ouverte une enquête et que les tortionnaires soient jugés pour leurs actes.

Ahmed Mefreh, chercheur de l'équipe juridique d'Alkarama au Caire a déclaré:
« Le cas d'Essam Atta est devenu le symbole de la politique d'impunité systématique menée par le gouvernement, et particulièrement dans les affaires où les services de sécurité sont impliqués. Il est inacceptable qu'un homme, jugé arbitrairement par un tribunal militaire meure lors de sa détention sous la torture des policiers contre lesquels le Procureur décide ensuite d'abandonner les poursuites, sans aucune considération pour la justice et les droits de l'homme en Egypte. »

Ahmed Mefreh met en garde les autorités égyptiennes contre l'exacerbation de la pratique de la torture et des exécutions extrajudiciaires dans les prisons et les centres de détention. Alkarama appelle le gouvernement à mettre un terme à cette politique d'impunité qui incite les tortionnaires à poursuivre leurs crimes.