02 Mar 2007
Communiqué de Presse, 2 mars 2007
Alkarama a analysé ce rapport d’autopsie et fait les constatations suivantes :
M. Ahmed Ali Abdullah, de nationalité yéménite, est décédé le 10 juin 2006 au camp de détention de Guantánamo Bay simultanément avec deux autres détenus de nationalité saoudienne, MM. Yassir Talal az-Zahrani et Mani’ Shaman al-Utaybi. Les autorités américaines ont affirmé que ces trois détenus ont commis un acte de suicide. Les corps des trois victimes ont été autopsiés à l’intérieur du camp par une équipe médicale militaire dirigée par le Dr Craig T. Mallak puis, après plusieurs jours, rapatriés et remis à leurs familles.
La famille d’Ahmed Ali Abdullah a sollicité Alkarama pour les assister à organiser l’autopsie du corps de leur fils. Notre organisation a mandaté une équipe médicale dirigée par le Prof. Patrice Mangin, directeur de l’Institut de Médecine légale de l’Université de Lausanne. L’autopsie a été effectuée le 21 juin 2006 à l’Hôpital militaire de Sanaa, Yémen. Après la réalisation à Lausanne d’analyses toxicologiques complémentaires sur des échantillons prélevés sur le corps de la victime, un rapport d’autopsie médico-légale a été communiqué à notre organisation.
Alkarama a analysé ce rapport d’autopsie et fait les constatations suivantes :
1) L’équipe médicale suisse ne peut conclure définitivement sur la cause du décès de M. Ahmed Ali Abdullah qu’une fois qu’elle aura obtenu les informations demandées à l’équipe médicale militaire ayant effectué la première autopsie sur le corps (voir liste en annexe). Or, les autorités américaines ont été sollicitées le 29 juin 2006 pour fournir ces informations, puis relancées, mais à ce jour, elles refusent de les fournir. Il faut noter qu’une équipe médicale saoudienne, présidée par le Dr Said Gharamallah Alghamdi, chef du Centre de Médecine légale de Riyad, a effectué également une seconde autopsie sur les corps de MM. Yassir Talal az-Zahrani et Mani’ Shaman al-Utaybi et a aussi formulé une liste de sept questions adressées aux autorités américaine par l’intermédiaire du ministère saoudien de l’Intérieur.
2) L’autopsie effectuée par l’équipe médicale suisse suscite plusieurs interrogations :
a) Le sillon sur le cou de la victime, tel que le montre clairement les photographies, n’est pas totalement compatible avec la thèse avancée par les autorités américaines selon laquelle la victime se serait pendue avec un drap ou des vêtements.
b) La présence de traces d’injection sur le corps et le fait que les extrémités des ongles de tous les doigts et orteils aient été coupés.
c) La rétention par les autorités américaines des pièces anatomiques correspondant aux voies aériennes supérieures dont le larynx, l’os hyoïde et le cartilage thyroïdien prélevés en bloc et qui constituent des pièces maîtresses dans le cas d’un suicide par pendaison. A noter que les mêmes pièces anatomiques ont également été retenues dans les cas de MM. Yassir Talal az-Zahrani et Mani’ Shaman al-Utaybi.
d) Le traumatisme dentaire constaté lors de l’autopsie et décrit comme « un élément de suspicion quant aux circonstances du décès » par l’équipe médicale suisse, en l’état actuel des informations à leur disposition.
Alkarama a recueilli de nombreux témoignages au sujet de cette affaire auprès des parents des détenus décédés ainsi qu’auprès d’ex-détenus de Guantánamo qui ont connu les victimes. Alkarama a aussi collaboré avec le cabinet d’avocats DICKSTEINSHAPIRO (Washington DC, USA), mandaté par les parents d’Ahmed Ali Abdullah, ainsi que le Center for Constitutional Rights (USA).
Les investigations menées par Alkarama donnent peu de crédit à la thèse du suicide des détenus de Guantánamo. Bien au contraire, de nombreux indices portent à croire que leur mort n’est pas due à un suicide. En effet et hormis les éléments suscitant des interrogations et résultant du rapport d’autopsie médico-légale, constatés également par l’équipe médicale saoudienne, il existe d’autres éléments particulièrement troublants, comme la simultanéité des trois suicides commis par des personnes connues pour leur strict respect des préceptes de l’Islam qui interdit absolument cet acte, mais aussi connues pour leur résistance à l’administration carcérale. Enfin, tous les témoignages des détenus contactés font état de l’impossibilité matérielle des détenus de se pendre dans une cellule où il n’y a aucune possibilité de fixer une corde ou autre lien à aucun endroit du plafond.
Le refus des autorités américaines de fournir des explications aux interrogations d’Alkarama et du cabinet d’avocats DICKSTEINSHAPIRO (Washington DC, USA) ne fait que renforcer nos soupçons.
En tant qu’organisation de défense des droits de l’homme, Alkarama déplore le fait qu’un centre de détention comme Guantanamo ait pu être créé car il constitue une violation grave par le gouvernement des Etats-Unis d’Amérique de ses engagements internationaux résultant de sa ratification des divers instruments relatifs aux droits de l’homme et en particulier du Pacte international relatif aux droits civils et politiques et de la Convention contre la torture.
L’Histoire a démontré que les violations des droits de l’homme ne connaissent pas de limites et que s’il n’y a qu’un pas entre la pratique de la détention au secret et celle de la torture il n’y a également qu’un autre petit pas entre la torture et les exécutions extra judiciaires. Le premier pas a été franchi par les autorités américaines qui sont allées jusqu’à justifier la torture des détenus. Il semble malheureusement que le deuxième pas ait également été franchi à Guantanamo.
Alkarama compte soumettre prochainement le résultat de ses investigations aux mécanismes des Nations Unies, notamment le Rapporteur Spécial sur les exécutions extrajudiciaires, sommaires ou arbitraires ainsi que l’Expert indépendant sur la Protection des droits de l’homme et des libertés fondamentales dans la lutte antiterroriste.
Par ailleurs, Alkarama envisage d’engager, en collaboration avec le cabinet d’avocats DICKSTEINSHAPIRO (Washington DC, USA) et le Center for Constitutional Rights (USA) des actions légales aux USA.
a) Le sillon sur le cou de la victime, tel que le montre clairement les photographies, n’est pas totalement compatible avec la thèse avancée par les autorités américaines selon laquelle la victime se serait pendue avec un drap ou des vêtements.
b) La présence de traces d’injection sur le corps et le fait que les extrémités des ongles de tous les doigts et orteils aient été coupés.
c) La rétention par les autorités américaines des pièces anatomiques correspondant aux voies aériennes supérieures dont le larynx, l’os hyoïde et le cartilage thyroïdien prélevés en bloc et qui constituent des pièces maîtresses dans le cas d’un suicide par pendaison. A noter que les mêmes pièces anatomiques ont également été retenues dans les cas de MM. Yassir Talal az-Zahrani et Mani’ Shaman al-Utaybi.
d) Le traumatisme dentaire constaté lors de l’autopsie et décrit comme « un élément de suspicion quant aux circonstances du décès » par l’équipe médicale suisse, en l’état actuel des informations à leur disposition.
Alkarama a recueilli de nombreux témoignages au sujet de cette affaire auprès des parents des détenus décédés ainsi qu’auprès d’ex-détenus de Guantánamo qui ont connu les victimes. Alkarama a aussi collaboré avec le cabinet d’avocats DICKSTEINSHAPIRO (Washington DC, USA), mandaté par les parents d’Ahmed Ali Abdullah, ainsi que le Center for Constitutional Rights (USA).
Les investigations menées par Alkarama donnent peu de crédit à la thèse du suicide des détenus de Guantánamo. Bien au contraire, de nombreux indices portent à croire que leur mort n’est pas due à un suicide. En effet et hormis les éléments suscitant des interrogations et résultant du rapport d’autopsie médico-légale, constatés également par l’équipe médicale saoudienne, il existe d’autres éléments particulièrement troublants, comme la simultanéité des trois suicides commis par des personnes connues pour leur strict respect des préceptes de l’Islam qui interdit absolument cet acte, mais aussi connues pour leur résistance à l’administration carcérale. Enfin, tous les témoignages des détenus contactés font état de l’impossibilité matérielle des détenus de se pendre dans une cellule où il n’y a aucune possibilité de fixer une corde ou autre lien à aucun endroit du plafond.
Le refus des autorités américaines de fournir des explications aux interrogations d’Alkarama et du cabinet d’avocats DICKSTEINSHAPIRO (Washington DC, USA) ne fait que renforcer nos soupçons.
En tant qu’organisation de défense des droits de l’homme, Alkarama déplore le fait qu’un centre de détention comme Guantanamo ait pu être créé car il constitue une violation grave par le gouvernement des Etats-Unis d’Amérique de ses engagements internationaux résultant de sa ratification des divers instruments relatifs aux droits de l’homme et en particulier du Pacte international relatif aux droits civils et politiques et de la Convention contre la torture.
L’Histoire a démontré que les violations des droits de l’homme ne connaissent pas de limites et que s’il n’y a qu’un pas entre la pratique de la détention au secret et celle de la torture il n’y a également qu’un autre petit pas entre la torture et les exécutions extra judiciaires. Le premier pas a été franchi par les autorités américaines qui sont allées jusqu’à justifier la torture des détenus. Il semble malheureusement que le deuxième pas ait également été franchi à Guantanamo.
Alkarama compte soumettre prochainement le résultat de ses investigations aux mécanismes des Nations Unies, notamment le Rapporteur Spécial sur les exécutions extrajudiciaires, sommaires ou arbitraires ainsi que l’Expert indépendant sur la Protection des droits de l’homme et des libertés fondamentales dans la lutte antiterroriste.
Par ailleurs, Alkarama envisage d’engager, en collaboration avec le cabinet d’avocats DICKSTEINSHAPIRO (Washington DC, USA) et le Center for Constitutional Rights (USA) des actions légales aux USA.