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Alkarama for Human Rights, 18 mai 2007

Alkarama for Human Rights a saisi le rapporteur spécial sur la torture, le groupe de travail sur les disparitions forcées et la représentante pour les défenseurs des droits de l'homme pour une demande d'action urgente dans le cas de M. Abdeladim Ali Mussa BENALI.

Abdeladim Benali , né en 1969 et résident à Darna en Libye est technicien, employé dans une société de fabrication de mobilier. Alors qu'il était détenu dans la prison d'Abou Slim, il a été transféré vers un endroit inconnu le 23 mars 2007 et a disparu depuis.

Abdeladim Benali a été arrêté le 16 février 2005 par les services de la sécurité intérieure. Il a été emmené au siège de ces services à Benghazi où il a été torturé pendant plusieurs jours. Transféré au centre d'Al Abiar relevant des mêmes services, il a été détenu au secret jusqu'au début de l'année 2006 où il a été emprisonné à Abou Slim. Sa famille n'a pu lui rendre visite qu'à partir du mois de mai 2006, une fois par mois, et ce jusqu'au mois de septembre de la même année. Elle a appris qu'il avait été victime de graves sévices et tortures et qu'il n'avait jamais fait l'objet d'une procédure judiciaire.

Au mois d'octobre 2006, une grève de la faim était organisée en protestation contre le refus des autorités de libérer certains détenus ayant terminé leur peine et de déférer ceux qui n'avaient pas été jugés depuis plusieurs années devant la Justice. Le 4 octobre les autorités libyennes ont déclenché l'intervention des services de sécurité de la prison. Durant celle-ci les agents ont utilisé leurs armes à feu tuant au moins un détenu et en blessant une dizaine d'autres.

Au cours de cette intervention, Alkarama a été informée de l'arrivée dans la prison de forces armées prêtes à ouvrir le feu sur les détenus. Peu après, il a été confirmé que ces dernières avaient tiré à balles réelles sur les prisonniers grévistes et qu'il y avait des morts et des blessés.

Alkarama a immédiatement pris contact avec des chaînes de télévision arabes pour médiatiser d'urgence l'événement craignant qu'un massacre similaire à celui qui avait été perpétré en juin 1996 dans la même prison se reproduise. Effectivement la chaîne Al-Jazeera a immédiatement rapporté dans son journal d'information les faits et les graves menaces pesant sur les détenus.

Au cours du journal télévisé du 04 octobre à 21 heures cette même chaîne de télévision a pu rapporter en direct l’intervention des forces de sécurité dans la prison, la mort d’au moins un prisonnier et d’une dizaine de blessés graves et les menaces qui continuaient de peser sur les détenus.

Alkarama for Human Rights est convaincue que l'alerte lancée via cette chaîne a contribué à éviter le pire dans la prison d'Abou Slim. Il faut rappeler qu'en juin 1996 un millier de détenus avaient été massacrés dans leurs cellules.

Les autorités libyennes ont cependant réagi très durement à cette alerte publique en prenant des mesures draconiennes à l'encontre des détenus:

-Une fouille générale a été organisée dans l’établissement de détention.

-Un régime alimentaire très sévère a été imposé.

-Plus grave enfin, certains des détenus soupçonnés d’être les auteurs ou en mesure de dénoncer les personnes qui avaient alerté Alkarama et l'opinion publique ont été torturés par les services de sécurité dans la prison même.

La délation des initiateurs du mouvement de grève et de protestation a également été encouragée et les visites familiales aux détenus interdites en représailles, interdiction qui dure à ce jour.

Alkarama a continuée à être informée sur la situation des détenus dans la prison. C'est ainsi que l'enlèvement des condamnés à mort de la prison et leur transfert à un endroit secret ont pu être rendus publics (Voir le communiqué du 22 novembre 2006). A ce jour, leur sort reste inconnu.

Alkarama for Human Rights a appris que Abdeladim Benali a lui aussi été enlevé de la prison d'Abou Slim pour être emmené le 23 mars 2007 par des membres des services de la sécurité intérieure vers une destination inconnue. Depuis près de deux mois ni notre organisation, ni sa famille ne savent quel sort lui a été réservé.

Nous rappelons que Abdeladim Benali avait déjà fait l'objet d'une première arrestation le 9 août 2000 et avait été détenu au secret dans divers centres de détention et de prison du pays jusqu'au mois de septembre 2000. Il avait subi des tortures et souffrait encore des séquelles quand la famille a pu lui rendre visite à la prison Abou Slim. Il n'a jamais fait l'objet de poursuites judiciaires ou d'une quelconque procédure légale. Il a finalement été libéré le 15 octobre 2002 sans avoir été jugé.

Al Karama for Human Rights considère que dans le cas actuel de la disparition de Abdeladim Benali de la prison d'Abou Slim suite aux évènements relatés, il est particulièrement fondé de solliciter les représentants des différents mécanismes de l'ONU pour une action urgente auprès des autorités gouvernementales libyennes afin de déterminer son sort et le faire placer sous la protection de la loi.