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Le 16 septembre 2014, les membres du département juridique d'Alkarama ont rencontré les experts du Groupe de Travail sur les Disparitions Forcées (GTDFI) de l'ONU pour leur exprimer leurs principales préoccupations sur le problème croissant des disparitions dans le monde arabe. Le 18 septembre, Alkarama avait également rencontré les experts du Comité des Disparitions Forcées (CED) pour les informer du recours systématique à cette pratique particulièrement grave en Irak, le premier pays arabe a avoir adhéré à la Convention internationale pour la protection de toutes les personnes contre les disparitions forcées.

Lors de la réunion avec le GTDFI, les experts onusiens ont exprimé leur reconnaissance à Alkarama pour son travail continu sur les disparitions forcées et sa collaboration sans faille avec leur mandat. Les principaux pays couverts lors de la discussion étaient la Syrie, l'Irak, l'Égypte et l'Algérie.

Soulignant les difficultés rencontrées dans la documentation et le suivi des cas, en particulier dans les pays touchés par des conflits armés, tels que la Syrie et l'Irak, M. Rachid Mesli, directeur juridique d'Alkarama, a également relevé les obstacles rencontrés par son organisation dans d'autres régions du monde arabe, en particulier l'Égypte et l'Algérie.

Alkarama a également soulevé la question des personnes précédemment arrêtées et détenues en Irak par les forces d'occupation américaines après 2004 et qui figurent aujourd'hui au nombre des disparus ; certains détenus auraient été "remis" aux autorités irakiennes à la suite du retrait officiel américain ; aucune liste de ces personnes -disparues n'a cependant été rendue publique à ce jour.

Au sujet de l'Égypte, pays dans lequel Alkarama a documenté un nombre croissant de cas de disparitions forcées au cours des derniers mois, M. Mesli a établi un parallèle inquiétant avec la situation de l'Algérie au lendemain du coup d'état militaire de 1992 oú le recours systématique à cette pratique pour terroriser les opposants politiques a débouché sur une situation que les experts des Nations Unies ont qualifié de « crimes contre l'humanité ». M. Mesli a donc appelé le Groupe de travail à réagir fermement pour prévenir la systématisation de ces violations dans le pays.

Concernant l'Algérie, qui fait depuis de longues années l'objet d'une attention particulière du Groupe de travail, Alkarama a rappelé le refus manifeste et constant des autorités algériennes à collaborer avec leur mandat en dépit de leurs promesses répétées. Alkarama a fait part des attentes des familles de victimes ainsi que des difficultés pour une organisation de maintenir un contact permanent avec celles-ci pendant de nombreuses années après la soumission des cas. L'invitation formelle du gouvernement algérien au groupe de travail à visiter le pays avant la fin de l'année, si celle-ci devait se concrétiser dans les faits, constituera une occasion pour Alkarama et les organisations de familles de disparus de contribuer à la réussite de la mission des experts.

Les membres du Groupe de travail ont, quant à eux, encouragé Alkarama à continuer de soumettre des cas de disparitions forcées en Algérie car, au-delà du nécessaire travail pour la « la mémoire individuelle et collective », une documentation des cas reste un travail essentiel pour l'avenir.

Pour rappel, sur les 8000 cas de disparitions forcées reconnus officiellement, plus de 3000 cas de ont été documentés et sont encore en cours d'examen par le Groupe de travail onusien qui s'est abstenu de les classer, considérant que les autorités algériennes n'ont jamais apporté de réponses satisfaisantes à ce jour.

Les experts du GTDFI ont exprimé leurs inquiétudes sur le nombre croissant de cas de disparitions forcées dans la région arabe ; Osman El Hajjé, vice-président du Groupe de travail, professeur et président du Centre pour les droits de l'homme de l'Université de Jinan de Tripoli au Liban, a affirmé qu'il s'agissait d'une pratique de terreur souvent préférée, dans certaines circonstances, aux exécutions extra-judiciaires.

Pour Ariel Dulitzky, président-rapporteur du GTDFI qui, au cours de cette réunion, a exprimé son vif intérêt pour le travail d'Alkarama, les disparitions forcées ne sont pas « des crimes du passé », mais une pratique encore trop fréquente dans le monde. À ce jour, plus de 43000 mille cas ont été soumis au Groupe de travail depuis sa création, dont un nombre important relatifs aux pays arabes qui restent irrésolus à ce jour.

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