Alkarama s'inquiète et dénonce les récentes arrestations et détentions de membres de la coalition de l'opposition Union pour le Salut National (USN) ainsi que des harcèlements constant dont sont victimes les partis politiques et la société civile à Djibouti. Au vu de la multiplication des exactions commises à l'encontre de l'opposition par les autorités, en toute impunité, à l'approche des élections présidentielles, Alkarama a alerté, le 18 décembre 2015, le Rapporteur Spécial des Nations Unies sur la promotion et la protection du droit à la liberté d'opinion et d'expression (SR FRDX) de ces violations et appelle les autorités à respecter leurs obligations internationales.
Depuis début décembre 2015, notamment après l'officialisation de la candidature d'Ismaïl Omar Guelleh à l'élection présidentielle d'avril 2016 au cours de laquelle il briguera un quatrième mandat consécutif, la police et la gendarmerie de Djibouti ont intensifié la répression contre l'opposition dont les activités étaient déjà limitées par l'absence de débat véritablement démocratique à Djibouti.
Ainsi, à l'occasion de la journée mondiale des droits de l'homme le 10 décembre 2015, la police a fait irruption dans le café Historil situé place Ménélik à Djibouti et où se trouvaient plusieurs sympathisants de l'USN, dont les députés Saïd Houssein Robleh et Ismael Assowé, et le porte-parole de l'USN et président du Mouvement pour le Renouveau Démocratique (MRD), Daher Ahmed Farah. Maltraitées, certaines des personnes présentes ont du être hospitalisées tandis que les deux députés ont été détenus arbitrairement avant d'être relâchés plusieurs jours après. M. Farah a lui aussi été arbitrairement arrêté le 14 décembre avant d'être relâché mais est actuellement assigné à résidence depuis le 18 décembre tout en étant officiellement convoqué par les autorités le 19 décembre, pour un motif inconnu à cette heure.
D'autre part, des dizaines de militants USN sont toujours détenus dans des conditions particulièrement difficiles dans les prisons de Gabode et de Nagad depuis leurs arrestations entre le 13 et le 15 décembre. Ce sont en tout plus de 38 personnes qui auraient été arrêtées ces derniers jours. Privées de droit de visite de leurs familles ainsi que de leur avocat, ces personnes sont de plus à haut risque d'être maltraitées par les autorités, une pratique qui reste impunie à Djibouti.
Les autorités justifient leurs arrestations sur une décision intervenue le 25 novembre 2015 qui interdit tout rassemblement pacifique, sous un prétexte de sécurité, et qui a été très largement appliquée, y compris pour des meetings qui se tenaient dans des lieux privés. Ainsi, la gendarmerie aurait séquestré sans raison une vingtaine de militants de l'USN qui s'étaient réunis pacifiquement au sein du siège PK12 le 18 décembre 2015.
« Nous avons documenté de plus en plus de violations perpétrées par les autorités contre des militants pacifique de l'opposition ainsi qu'à l'encontre d'élus ces derniers mois à Djibouti et nous craignons que les prochaines semaines soient ponctuées par une escalade de la violence contre la population », a déclaré Thomas-John Guinard, responsable juridique de la région Nil à Alkarama. « Les autorités doivent permettre aux partis de l'opposition et à la société civile d'exercer librement leurs activités et faciliter la tenue d'élections libres et transparente à Djibouti ».
En ce sens, Alkarama a alerté le Rapporteur Spécial des Nations Unies sur la promotion et la protection du droit à la liberté d'opinion et d'expression (SR FRDX) de ces arrestations et des harcèlements constants dont sont victimes les opposants à Djibouti et de la nécessité d'appeler les autorités à respecter leurs obligations internationales et notamment le Pacte international relatif aux droits civils et politiques (PIDCP), ratifié par Djibouti en 2002, qui les oblige à respecter le droit à la liberté d'opinion et d'expression ainsi que de réunion pacifique.
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