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Alkarama exprime son inquiétude quant aux conditions dans lesquelles se tiendront les élections législatives et municipales et appelle les autorités à garantir le respect de l'article 25 du Pacte international relatif aux droits civils et politiques qui protège le droit de tout citoyen de voter et d'être élu au cours d'élections périodiques et honnêtes, assurant l'expression libre de la volonté des électeurs.

Pour rappel, les élections législatives et municipales en Mauritanie avaient été reportées sine die depuis deux ans en violation de l'article 25 du Pacte, le Comité des droits de l'homme exigeant que les élections soient « organisées périodiquement, à des intervalles suffisamment rapprochés pour que l'autorité du gouvernement continue de reposer sur l'expression libre de la volonté du peuple. »

Ces élections seront boycottées par une grande partie de l'opposition qui a suspendu son dialogue avec le pouvoir estimant que la date a été fixée unilatéralement et que celles-ci ne respectent pas les garanties minimales de transparence et d'équité.

L'opposition et une grande partie société civile dénoncent le caractère discriminatoire du processus d'enrôlement entamé en avril 2011. Ainsi, environ un quart de la population ne serait toujours pas enrôlé, tandis que d'autres électeurs n'ont toujours pas pu retirer leur carte d'identité et se retrouvent de facto privés de leur droit à élire leurs représentants. La Commission électorale nationale indépendante (CENI) n'a d'ailleurs lancé le recensement administratif à vocation électorale (RAVEL) que le 25 juillet 2013.

Il faut également noter que l'opposition n'a cessé de dénoncer la manipulation du fichier électoral : ainsi, certains agents recenseurs auraient même été licenciés face au refus d'enregistrer des pièces d'identité en l'absence de leurs titulaires. Les allégations d'implication de plusieurs officiers de l'armée dans le processus électoral, notamment à travers l'inscription massive de militaires de certaines garnisons dans des circonscriptions électorales déterminées dans le but évident est d'influer sur le résultat final, sont également inquiétantes.

La mise en place bien trop tardive d'un Observatoire national de supervision des élections, dont le Président et les onze membres ont été nommés par décret le 10 novembre, est également particulièrement préoccupante. De plus, cet observatoire a été institué sans aucune concertation avec la société civile.

Enfin, l'attribution du marché des bulletins de vote à la société Smith & Ouzman, actuellement poursuivie au Royaume-Uni pour corruption active en Mauritanie ainsi que dans trois autres pays africains pour l'obtention du marché en 2009, est tout particulièrement alarmante et jette un doute légitime sur le caractère de transparence de ces élections.

Le 18 novembre dernier, une manifestation organisée conjointement par les sympathisants de la Coordination de l'Opposition Démocratique et du Mouvement du 25 Février devant le siège de la CENI a été brutalement réprimée. La police anti-émeute est intervenue pour disperser le sit-in et les manifestants, faisant un usage excessif de bombes lacrymogènes et de bombes assourdissantes et frappant les manifestants à coups de matraque. Plusieurs d'entre eux ont été blessés et transférés à l'hôpital.

Alkarama tient à rappeler que le droit à la liberté d'expression, de réunion et d'association est une condition essentielle à l'exercice effectif du droit de vote et doit être pleinement protégé par les autorités, et ce, en vertu des articles 19, 21, 22 et 25 du Pacte international relatif aux droits civils et politiques auquel la Mauritanie est partie.