Le 14 novembre 2016, Alkarama a adressé un appel urgent au Comité contre la torture (CAT) des Nations Unies pour demander que des mesures soient prises d'urgence afin d'annuler la procédure d'extradition du Maroc vers l'Egypte de Hani Khater, un journaliste égyptien qui exerçait ses activités au Maroc où il avait créé en 2010 une société de media et un journal, Les Nouvelles du Maghreb.
Depuis 2005, il était membre du syndicat des journalistes égyptiens et avait dénoncé, dans plusieurs articles, la corruption de personnalités aujourd'hui liées au régime du maréchal Sissi. M. Khater affirme que ce sont ses positions critiques qui lui avaient valu d'être poursuivi et condamné par contumace à la prison à vie en Egypte.
En septembre 2015, Hani Khater s'est rendu au Maroc pour y ouvrir un bureau pour le compte de la Fédération internationale des journalistes arabes. En février 2016, alors qu'il se trouvait dans un hôtel de Casablanca, il a été interpellé par des agents de police sur la base d'un mandat d'arrêt international émis par l'Egypte le 12 février 2016.
Le 25 avril 2016, la Cour de cassation de Rabat a répondu favorablement à la demande d'extradition de l'Egypte. Par la suite, M. Khater s'est adressé à de multiples reprises aux autorités marocaines compétentes afin de s'opposer à son extradition vers l'Egypte, en soulevant les risques de torture encourus s'il venait à être extradé. Ses demandes sont restées sans suite.
Dans sa communication aux Nations Unies, Alkarama a rappelé que la situation actuelle des droits de l'homme en Egypte est extrêmement préoccupante : l'ONU dénonce ainsi régulièrement le recours généralisé à la détention arbitraire et à la torture et les violations systématiques du droit à un procès équitable. Les journalistes, activistes et défenseurs des droits de l'homme, cibles des autorités, sont fréquemment condamnés sur la seule base d'aveux obtenus sur la torture à l'issue de procès inéquitables.
Ainsi, le Maroc violerait ses engagements internationaux s'il venait à mettre en œuvre la décision de la Cour de cassation en extradant M. Khater. En 2014 et 2015, Alkarama avait déjà soumis au CAT les cas de Sayed Omar et d'Abdul Rahman Alhaj Ali, qui risquaient d'être extradés vers respectivement l'Egypte et l'Arabie Saoudite, et le Maroc avait alors accepté de surseoir à leur extradition après l'intervention du Comité contre la torture.
« Il est regrettable que les juridictions marocaines aient de nouveau émis un avis favorable d'extrader une personne vers un pays où celle-ci risque de toute évidence d'être torturée », a expliqué Radidja Nemar, responsable juridique pour le Maghreb à Alkarama. « Les magistrats marocains doivent impérativement prendre conscience des obligations qui pèsent sur eux en vertu de la Convention contre la torture ».
Alkarama a donc appelé le Maroc à libérer M. Khater et prié le Comité de conclure à une violation de l'article 3 de la Convention contre la torture si celui-ci était effectivement extradé vers l'Egypte.
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