Le 24 novembre 2016, Alkarama a saisi le Rapporteur spécial sur la promotion et la protection des droits de l’homme et des libertés fondamentales dans la lutte antiterroriste (SRCT) du cas de Tijani Ben Derrah et Adel Ayachi, deux blogueurs et militants des droits de l’homme algériens récemment condamnés à des peines de prison pour « apologie du terrorisme ».
Les deux hommes avaient été arrêtés le 15 novembre 2015, alors qu’ils se rendaient à un commissariat de police du centre d’Alger pour apporter leur soutien à Manar Mansri une manifestante interpellée pour avoir participé à un sit-in pacifique pour dénoncer les atteintes à la liberté d’expression. En garde à vue, MM. Ayachi et Ben Derrah ont été placés à l’isolement durant une semaine, privés de nourriture soumis à des tortures psychologiques.
Après une année de détention préventive, les deux hommes ont été déférés devant le tribunal criminel d’Alger et condamnés pour « apologie du terrorisme » au prétexte que Tijani Ben Derrah avait partagé avec Adel Ayachi une vidéo diffusée par un groupe djihadiste que ce dernier a commenté en la qualifiant de « dangereuse ». Ils ont finalement été respectivement condamnés à deux et trois ans d’emprisonnement.
L’article 87 bis 4 du Code pénal qui incrimine l’apologie du terrorisme est de plus en plus invoqué par le système judiciaire algérien pour réprimer les activistes politiques et punir toute forme de critique contre les autorités. D’ailleurs en incriminant des faits qui relèvent de l’exercice de droits et libertés fondamentales et en condamnant Tijani Ben Derrah et Adel Ayachi, les autorités algériennes cherchent à faire taire et à faire peur à tous ceux qui seraient tentés de protester publiquement contre les abus des autorités ou d’apporter leur soutien aux victimes de la répression.
Alkarama appelle donc une nouvelle fois les autorités algériennes à libérer immédiatement les deux victimes et à cesser de tirer prétexte de la lutte antiterroriste pour harceler judiciairement des militants, journalistes et défenseurs des droits de l’homme pour des actes relevant de l’exercice pacifique de leurs droits fondamentaux.
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