![]() |
Mise à jour – 6 février 2013
L'audience du procès de Rami Aysha a été reportée au 26 juin 2013.
--
Alkarama appelle les autorités libanaises à ouvrir une enquête sur les tortures subies en détention par Rami Aysha, journaliste indépendant arrêté le 30 août 2012. Son procès devant le tribunal militaire de Beyrouth doit s'ouvrir demain, le 6 février 2013.
Rami Aysha, journaliste d'investigation libano-palestinien et correspondant du TIME Magazine au Liban, a été enlevé le 30 août 2012 par des éléments d'une milice armée près de l'aéroport Rafik Hariri, dans le sud de Beyrouth alors qu'il enquêtait sur un réseau de trafic d'armes entre la Syrie et le Liban. Durant les trois heures où il était aux mains de cette milice, il a été gravement torturé.
Le journaliste a ensuite été livré à des membres des services de renseignement militaire qui l'ont d'abord emmené au siège du Ministère de la défense à proximité de Beyrouth avant de le transférer au centre de détention militaire de Rihaniye. Pendant une dizaine de jours, il a été détenu au secret dans ces lieux et il rapporte avoir de nouveaux subi de graves tortures. Il rapporte avoir notamment été violemment battu à coups de poings, de pieds et de crosse de fusils sur toutes les parties de son corps y compris la tête. De plus, il a été privé de nourriture et d'eau durant plusieurs jours au cours desquels il est resté menotté et les yeux bandés.
Ce n'est qu'après une dizaine de jours de détention que M. Aysha a été emmené au tribunal militaire de Beyrouth où il a finalement été présenté devant un magistrat. Inculpé par le juge d'instruction du chef de trafic d'armes, M. Aysha a été placé par ce magistrat en détention provisoire à la prison de Qubba avant d'être transféré quelques jours plus tard à celle de Jubail. Ce n'est que le 26 septembre 2012 que la victime a été mis en liberté provisoire par le magistrat instructeur qui lui a notifié que l'accusation été maintenue et que son procès était fixé au 6 février 2013.
Il est à noter que l'acte d'accusation du juge d'instruction militaire, daté du 1er octobre 2012, ne relève ni les circonstances ni l'identité des auteurs de l'arrestation de M. Aysha. En dépit du fait que le juge d'instruction n'a pas manqué de constater l'état dans lequel se trouvait la victime au moment de la première comparution et en dépit du fait que celle-ci lui a fait part des tortures et des mauvais traitements subis depuis son arrestation, le magistrat n'a pas cru devoir noter ces déclarations dans l'acte d'accusation. Il n'a pas non plus ouvert d'enquête sur des allégations qui semblaient parfaitement fondées comme l'article 12 de la Convention contre la torture l'y oblige.
Préoccupée par les tortures infligées au journaliste par la milice armée et par les services de renseignement ainsi que par l'absence d'enquête sur ces allégations, Alkarama a soumis le cas de Rami Aysha au Rapporteur spécial sur la torture vendredi dernier afin qu'il enjoigne aux autorités libanaises de garantir à la victime son droit à un procès équitable.