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Me Hakki Ismail a été exécuté dans la nuit du 25 juillet 2009, très probablement par les autorités irakiennes. Il défendait des victimes de violations des droits de l'homme commises par le gouvernement et dernièrement, il s'était occupé de cas de personnes qui étaient en relation avec M. Al-Dainy, député du Parlement, lui-même persécuté. Alkarama était en contact régulier avec M. Hakki Ismail.

Alkarama a soumis le 24 août 2009 des communications au Rapporteurs spéciaux sur les exécutions extrajudiciaires, sommaires et arbitraires ainsi que sur l'indépendance des juges et avocats et enfin sur la situation des défenseurs des droits de l'homme pour les informer de ce décès et leur demander d'intervenir auprès des autorités irakiennes.

M.Hakki Ismail Moubarak qui est aussi connu sous le nom de M. Al-Qisi, est né en 1962 et vivait dans le district de Beladrouz, dans la province de Diyala (120 km à l'est de Bagdad). Il était avocat et informait Alkarama des tortures et des disparitions subies par ses clients afin que nous les transmettions aux procédures spéciales de l'ONU.

Il s'était particulièrement engagé pour le groupe de personnes arrêtées arbitrairement en raison de leurs relations familiales et professionnelles avec le député, M. Muhammed Al-Dainy. Victimes de tortures et de disparition forcée pour certains, nous avions alerté les procédures spéciales de l'ONU afin qu'elles interviennent auprès des autorités irakiennes.

Nous avons été informés de la tentative d'assassinat de M. Hakki Ismail à son domicile le jeudi 23 juillet 2009, quand il a été pris pour cible par trois hommes armés roulant dans une voiture qui a ensuite quitté les lieux. Il a réussi à survivre à cet incident et a été transporté à l'hôpital principal de Baaqouba dans la province de Diyala, avant d'être transféré dans un hôpital de Bagdad.

Environ 36 heures après cette tentative d'assassinat, son état s'était amélioré et il était capable de se déplacer et de marcher le long des corridors de l'hôpital. Il a également été en mesure de fournir un témoignage sur les intimidations subies avant cette tentative d'assassinat de la part de personnes connues, membres de milices proches du gouvernement qui l'avaientt menacé de « liquidation physique ».

M. Ismail Hakki a déposé plainte auprès des autorités à propos de ces menaces, mais le juge d'instruction de Beladrouz, n'a procédé à aucune arrestation du vivant de M. Ismail Hakki. Ce dernier était inquiet, car il avait appris que le chef de la police de Beladrouz était informé des renseignements qu'il transmettait.

Nous avons finalement été informés du décès de M. Ismail Hakki dans la nuit du 25 juillet 2009, suite à un empoisonnement. Il a informé son entourage que son état se détériorait après qu'une infirmière lui ait injecté une substance dans sa perfusion intraveineuse quatre heures plus tôt. Sa pression artérielle s'est rapidement élevée.

Une autopsie a été réalisée à la demande de sa famille le 26 Juillet 2009. Comme elle le craignait, la cause de décès sur le certificat de décès est indiquée comme étant une conséquence des tirs de feu. Aucune enquête n'a été diligentée sur la substance injectée dans le goutte-à-goutte de M. Hakki Ismail.

Nous pensons que la mort de M. Hakki Ismail est la conséquence d'une exécution extrajudiciaire et nous sollicitons le Rapporteur spécial sur les exécutions extrajudiciaires pour qu'il intervienne auprès des autorités irakiennes afin qu'une enquête établisse la véritable cause du décès. Une nouvelle autopsie devrait être réalisée par des médecins choisis par la famille du défunt qui lui transmettrait les résultats. Les autorités devraient aussi enquêter sur les personnes qui ont proféré des menaces contre lui afin de les poursuivre pénalement et s'engager à dédommager la famille.