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Selon le dernier rapport de la Commission d'enquête sur la Syrie de l'ONU, publié le 4 juin 2013, tant les forces gouvernementales que les groupes armés de l'opposition sont responsables de crimes de guerre et de graves violations des droits de l'homme dans le contexte actuel de la course internationale aux livraisons d'armes. Ce rapport qui couvre la période du 15 janvier au 15 mai 2013 met à jour les données et analyses contenues dans le rapport précédent.

Au cours du débat oral du 5 juin 2013 au Conseil des droits de l'homme à Genève, le président de la Commission M. Paulo Pinheiro, a appelé à une « intervention diplomatique » afin de mettre un terme à la violence qui a fait de nombreuses victimes et plus de 4 millions de personnes déplacées à l'intérieur du territoire syrien. « Les crimes de guerre et les crimes contre l'humanité sont devenus une réalité quotidienne en Syrie et les récits de victimes sont gravées à jamais dans notre conscience », a –t-il déploré.

Dans son discours, M. Pinheiro a évoqué une « Syrie chute libre ». Il a exprimé son souhait quant à l'établissement d'un dialogue favorisant une solution au conflit. En outre, il a ajouté que les livraisons d'armes au gouvernement ainsi qu'aux forces d'opposition renforcent le risque de violations des droits de l'homme et contribuent à l'accroissement du nombre de victimes. Par conséquent, M. Pinheiro a invité les Etats à « exercer leur influence sur les toutes les parties au conflit pour les obliger à protéger les civils » plutôt que d'envoyer des armes. De plus, selon les experts, il y a des motifs sérieux de croire que « des quantités limitées d'armes chimiques ont été utilisées en Syrie » bien qu'il soit à ce jour impossible d'en définir la nature exacte ou les auteurs, du fait que les experts de la Commission n'ont pas été autorisés à entrer dans le pays ».

Selon la Commission qui s'est appuyée sur 430 entretiens et de nombreux témoignages, les forces gouvernementales et ses milices affiliées sont responsables de « meurtres, de tortures, de viols, de déplacements forcés, de détention arbitraire et d'autres actes inhumains, » tandis que les groupes anti-gouvernementaux ont commis des crimes contre l'humanité, notamment « des meurtres, des exécutions extra-judiciaires, des prises d'otage et de pillages ». Par ailleurs, le rapport établit qu'au moins « 17 incidents pouvant être qualifiés de massacres » ont été enregistrés durant la période étudiée. La privation de la liberté apparaît également comme une « arme de guerre », vu le nombre élevé de cas de détentions arbitraires et de disparitions forcées. Depuis le début du conflit, de nombreux centres de détention, dont la prison Adra, sont devenus de véritables centres de tortures et de mauvais traitements. Selon le rapport, les enfants qui sont aussi détenus, sont activement impliqués dans les conflits et subissent de graves tortures.

Dans ses recommandations, la Commission a rappelé l'importance du renvoi devant la justice du conflit syrien tant au niveau national qu'international » et a souligné l'importance de la documentation dans ce conflit qui participe à aider à mieux comprendre la situation en Syrie et à protéger le droit à la vérité du peuple syrien. Alkarama accueille avec satisfaction le fait que l'accent ait été mis sur l'importance du travail des acteurs locaux et internationaux qui documentent les violations massives et généralisées des droits de l'homme. A cette occasion, nous invitons la communauté internationale à fournir une protection à ces « acteurs de l'information », et à appeler à la libération de toutes les personnes détenues pour avoir défendu les droits de l'homme en Syrie, notamment les trois membres du Centre syrien pour les médias et la liberté d'expression (SCM).