Le quotidien suisse Le Temps a publié les 6 et 7 janvier 2018 un article signé par Sylvain Besson suggérant que la Fondation Alkarama est dans le viseur des services de renseignement suisses en raison de relations suspectes.
La direction de notre Fondation avait échangé en toute bonne foi avec le journaliste auteur de l’article lorsqu’il menait ses investigations et avait répondu à ses interrogations en lui clarifiant l’inexistence de liens entre Alkarama et plusieurs individus et entités mentionnés dans son article.
A la publication de l’article, la Fondation Alkarama a immédiatement écrit au journal pour demander la publication du droit de réponse suivant :
« Dans un article intitulé "Les services secrets suisses ciblent des islamistes pro-Qatar", publié en ligne le 5 janvier 2018 (https://www.letemps.ch/suisse/2018/01/05/services-secrets-suisses-ciblent-islamistes-proqatar) et sur la version imprimée du journal Le Temps, datée des samedi 6 et dimanche 7 janvier 2018, M. Sylvain Besson mentionne explicitement notre institution, la Fondation Alkarama. Celle-ci considère que l’article insinue des faits erronés, portant ainsi une atteinte certaine à sa personnalité. Elle tient donc à préciser ce qui suit :
• L’article suggère que la Fondation Alkarama est ciblée par le Service de renseignements de la Confédération (SRC). Or, la Fondation Alkarama a pris contact avec le SRC qui a confirmé par écrit n’avoir " […] jamais évoqué Alkarama avec M. Besson ni confirmé de prétendus liens avec les entités qu’il cite. " ;
• Ainsi, le graphique intitulé "La galaxie qui intéresse le SRC" véhicule une association fausse de la Fondation Alkarama avec les entités visées dans ce graphique puisqu’il laisse entendre, à tort au vu de ce qui précède, que ces liens sont reconnus comme tels par le SRC. Contrairement à ce qui ressort dudit graphique, la Fondation Alkarama tient donc à affirmer qu’elle n’a aucun lien avec la Fondation Eid Al-Thani du Qatar, ni avec le Conseil islamique central suisse, ni avec le front Al-Nosra en Syrie ;
• L’article se base sur le fait que M. Abdulrahman al-Nuaimi, co-fondateur de la Fondation Alkarama, a été désigné en 2013 comme soutien au terrorisme par le Département du trésor américain. Nous tenons à préciser que ces accusations ont été portées contre la propre personne de M. al-Nuaimi, et non contre la Fondation. Par ailleurs, M. al-Nuaimi nie les accusations portées contre lui. Enfin, le Département du trésor américain, contacté par Alkarama, a confirmé par écrit que la Fondation n’était en aucun cas concernée par les accusations portées contre M. al-Nuaimi ;
• L’article affirme que "le Qatar aurait encouragé […] Alkarama à mener campagne contre l’intervention des Emirats dans la guerre au Yémen". Alkarama est une Fondation de droit suisse sous contrôle de l’Autorité de surveillance des fondations du Département fédéral de l’intérieur et qui, conformément à sa charte, n’accepte ni ne reçoit aucun financement provenant d'un gouvernement arabe, y compris le Qatar. Depuis 2004, elle a représenté des milliers de victimes de torture, détention arbitraire, disparition forcée ou exécution extrajudiciaire dans le Monde arabe devant les mécanismes de protection des droits de l’homme des Nations Unies. A ce titre, elle n’agit pour le compte d’aucun État mais défend toutes les victimes de violations dans le Monde arabe. »
La demande de publication du droit de réponse avait été rejetée par Le Temps et Alkarama dût alors porter plainte contre le quotidien.
Le 9 octobre 2018, le Tribunal de première instance de Genève condamne Le Temps à publier le droit de réponse dans sa prochaine édition papier ainsi que sur son site internet. Le droit de réponse avait effectivement été publié par Le Temps dans son édition du samedi 13 et dimanche 14 octobre 2018.
Le Tribunal a en outre condamné Le Temps à verser à la Fondation Alkarama la somme de CHF 665 à titre de remboursement de l’avance des frais judiciaires et la somme de CHF 1'200 à titre de dépens.
La Fondation Alkarama regrette qu'un journal sérieux comme Le Temps publie un article reprenant des thèses farfelues et diffamatoires véhiculées par des régimes autoritaires du monde arabe, et se félicite de la condamnation du quotidien Le Temps par la justice genevoise.