Le 24 novembre 2014, Alkarama a adressé un appel urgent au Rapporteur spécial sur la liberté d'expression à la suite de l'arrestation arbitraire d'Abdellah Benaoum poursuivi et déféré devant le tribunal de Relizane pour avoir dénoncé les mesures discriminatoires prises par le recteur de l'université de la ville contre certains étudiants de la faculté de droit.
Membre fondateur du Mouvement RAFD (Refus), Benaoum a régulièrement fait l'objet de persécutions et de représailles judiciaires en raison de son engagement politique et des ses dénonciations des violations des droits de l'homme. En 2012, il avait été condamné à six mois de privation de liberté pour avoir dénoncé la condamnation de jeunes manifestants pacifiques.
Un groupe d'étudiants ayant été arbitrairement exclu du master en droit, se sont rendus, accompagnés de Benaoum, au bureau du recteur pour lui remettre une pétition dénonçant cette exclusion injustifiée. Ce dernier a réagi violemment, arrachant la pétition des mains de Benaoum avant de la déchirer et de l'agresser physiquement sous les regards des autres étudiants.
À la suite de cet incident, le représentant des étudiants a publié une vidéo sur les réseaux sociaux dans laquelle il a dénoncé les pratiques arbitraires du recteur. Le 20 novembre 2014, il a eu la surprise d'être convoqué au commissariat de police local où il a été arrêté et emmené au tribunal ou il a été déféré devant le procureur de la république qui l'a inculpé d'« outrage à un corps constitué » pour avoir prétendument insulté le recteur de l'université.
Son procès s'est tenu le 24 novembre 2014, dans une salle comble, de nombreux étudiants et défenseurs des droits de l'homme, parmi lesquels des représentants de la Ligue algérienne de défense des droits de l'homme (LADDH) venus de tout le pays ayant tenu à se solidariser avec Benaoum et à dénoncer les pratiques répressives des autorités algériennes.
En dépit de l'absence de toute preuve ou élément matériel de nature à justifier une sanction pénale, le tribunal de Relizane a cependant condamné le prévenu à trois mois de prison avec sursis, décision accueillie avec ironie par le public qui s'attendait à voir la justice cautionner comme à son habitude les pratiques de l'administration et des services de sécurité.
Alkarama reste préoccupée par la situation des défenseurs des droits de l'homme et des violations et autres mesures de représailles dont ils sont victimes et appelle les autorités algériennes à mettre un terme définitif à de telles pratiques.
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