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Saber Saidi, jeune cyber-activiste de 33 ans enlevé le 11 juillet dernier par les services de renseignement algériens, a été inculpé d'«apologie du terrorisme » pour avoir partagé des vidéos sur les révolutions arabes et sur des mouvements politiques d'opposition algériens. Détenu aujourd'hui à la prison d'El-Harrach, il risque une lourde peine de prison pour n'avoir fait qu'exercer son droit à exprimer ses opinions.

Le 11 juillet dernier vers midi, Saber Saidi a été enlevé en pleine rue par des agents du Département du Renseignement et de la Sécurité (DRS) dans son quartier de la cité Zerhoun Mokhtar à Bordj El Kiffane (Alger). Son père a attendu son retour jusqu'au lendemain matin avant d'entamer ses recherches. Du commissariat de police du quartier au commissariat central d'Alger, le père de Saber a fait le tour des services de police pour s'enquérir du sort de son fils. Sans succès. Tous ses interlocuteurs ont répété qu'ils n'avaient aucune information le concernant et ont nié sa détention.

Ce n'est que le 22 juillet dernier que le jeune cyber-activiste a été présenté au Procureur de la république du tribunal d'El-Harrach après onze jours de détention au secret sans contact avec le monde extérieur. Il y a quatre jours, son père et son frère ont pu lui rendre visite à la prison d'El-Harrach et  rapportent qu'il avait des difficultés à raconter ce qui lui était arrivé depuis son enlèvement le 11 juillet, sans doute par crainte des représailles. On ignore encore s'il a été victime de mauvais traitements en détention.

Saber Saidi a été accusé d'avoir partagé sur sa page Facebook des vidéos sur les révolutions arabes et d'avoir entretenu des relations avec le Qatar ou des mouvements politiques d'oppotion algériens non autorisés. Il est inculpé d' « apologie du terrorisme » selon les dispositions des articles 87 bis, 87 bis 4 et 87 bis 5 du Code pénal, une accusation suffisamment vague et imprécise du droit interne qui permet à la Justice algérienne de poursuivre toute une série de faits liés à des activités politiques et associatives. Aussi, le jeune militant risque d'être condamné à une lourde peine de prison ; sa détention est de toute évidence la conséquence directe de l'exercice de son droit à exprimer ses opinions.

Après Tarek Mameri et Abdellah Benaoum, cette nouvelle arrestation opérée par les services de renseignement algériens vise à museler un militant particulièrement actif sur les réseaux sociaux et par là toute voix appelant à un changement pacifique de régime en Algérie.

Alkarama et l'Observatoire algérien des droits de l'homme (OADH) ont sollicité aujourd'hui  l'intervention urgente du Rapporteur spécial sur la liberté d'opinion et d'expression des Nations unies auprès des autorités algériennes en leur demandant de libérer  Saber Saidi et de mettre un terme à toute mesure de persécution contre les militants politiques algériens.

Pour plus d'informations ou une interview, veuillez contacter media@alkarama.org (Dir: +41 22 734 10 08).