Nasreddine Rarrbo, jeune militant de 26 ans originaire de Blida, a été victime de brutalités policières lors d'un rassemblement pacifique organisé par le mouvement RAFD le 17 avril, jour des élections présidentielles devant la Grande-Poste au centre d'Alger. A l'instar de dizaines d'autres manifestants, il été violemment battu à coups de poing et de pieds par les policiers présents lors du sit-in. Aujourd'hui Alkarama en a informé le Rapporteur spécial sur le droit de réunion pacifique et d'association de l'ONU, lui demandant d'appeler les autorités algériennes de mettre enfin un terme à la répression des manifestants pacifiques et de s'abstenir d'utiliser la force d'une manière disproportionnée contre eux.
Nasreddine Rarrbo est un militant du « Mouvement des Jeunes du 8 mai 1945 », groupe actif sur les réseaux sociaux et notamment sur Facebook, qui dénonce la corruption et appelle à l'instauration de la démocratie par des moyens pacifiques en Algérie. Ce n'est pas la première fois qu'il est pris pour cible par les autorités : il avait déjà été arrêté le 5 février 2013 à Blida et torturé pendant deux jours au commissariat de police avant d'être inculpé de « troubles à l'ordre public » et d' « outrage à corps constitués ».
Dans le contexte des élections présidentielles algériennes, une grande partie de la population, mécontente de l'absence de changement et de perspective d'évolution démocratique, s'est mobilisée, notamment à travers les réseaux sociaux, pour dénoncer la candidature d'Abdelaziz Bouteflika, l'absence de véritable débat démocratique, de transparence de la vie politique algérienne et dénoncer la corruption du régime.
C'est dans ce contexte que se sont tenues des manifestations pacifiques dans plusieurs villes algériennes et notamment à Alger. Malgré la levée de l'état d'urgence en 2011, le droit à la liberté d'association et de réunion n'est pas respecté dans la capitale, car en vertu d'un décret promulgué en 2001, les réunions publiques restent interdites. C'est sur le fondement de ce décret que les manifestations publiques restent interdites et violemment réprimées, comme le jour des élections.
Nasreddine Rarrbo s'est rendu le 17 avril 2014 à un sit-in organisé par le mouvement RAFD, qui militait contre un 4ème mandat de M. Bouteflika. Ce rassemblement, organisé devant la Grande Poste d'Alger était pacifique et ne présentait aucun risque de trouble à l'ordre public. Cela n'a pas empêché les forces de police de disperser dans la violence ce rassemblement, annihilant ainsi toute possibilité de contestation ou d'expression, même pacifiques.
A l'instar de la plupart des autres participants au sit-in, il a été violemment battu à coups de poing et de pieds sur toutes les parties de son corps. Evacué à l'hôpital pour soigner les blessures occasionnées par les policiers au cours de la manifestation, il a de nouveau été agressé par des policiers à l'entrée du service des urgences. Cette nouvelle agression lui a occasionné une blessure au niveau de la tête et une perte de connaissance. Le médecin légiste à constater après l'avoir examiné « une plaie linéaire de trois centimètres de long, frontale droite » et lui a prescrit une interruption totale de travail pour une durée de huit jours.
La réélection contestée de M. Bouteflika le 17 Avril n'a pas mené à des changements concrets concernant le libre exercice du droit de réunion et d'association : de nouvelles manifestations ont été depuis réprimées dans la violence, en particulier à l'occasion de la commémoration du 34ème anniversaire du Printemps berbère à Tizi-Ouzou au cours desquelles de nombreux manifestants ont été blessés.
Aujourd'hui Alkarama a appelé le Rapporteur spécial sur le droit de réunion pacifique et d'association de l'ONU à enjoindre aux autorités algériennes de mettre enfin un terme à la répression des manifestants pacifiques et d'abroger le décret de 2001 interdisant les réunions publiques à Alger. Les autorités algériennes doivent également ouvrir sans délai une enquête exhaustive et impartiale sur les circonstances de l'agression par des agents des services de police de la victime et poursuivre les responsables en justice.