Le 5 octobre 2015, Alkarama a envoyé un appel urgent à M. Michel Forst, Rapporteur Spécial sur la situation des défenseurs des droits de l'homme (HRD) l'appelant à intervenir dans le cas de Hassan Bouras, arrêté sans mandat de justice le 2 octobre 2015 et actuellement détenu à la prison d'El Bayadh.
Hassan Bouras, âgé de 48 ans et domicilié à El Bayadh, est journaliste indépendant et président du bureau de la Ligue algérienne pour la défense des droits de l'homme (LADDH) pour les régions sud de l'Algérie. Il est également membre du comité directeur de la LADDH et de la Fédération des centres des droits de l'homme dans le monde arabe.
Ce défenseur des droits de l'homme algérien, a été arrêté sans ménagement, à son domicile le 2 octobre 2015 par les agents de la Brigade de recherche et d'intervention (BRI). Les policiers ont ensuite procédé à une perquisition du domicile sans mandat de perquisition en confisquant du matériel informatique appartenant à la victime mais également aux autres membres de sa famille.
Il faut rappeler que Hassan Bouras n'a cessé de faire l'objet de persécutions et de harcèlements judiciaires depuis plus d'une dizaine d'années en raison de son engagement et de ses activités de défenseur des droits de l'homme et pour avoir notamment dénoncé la corruption et les luttes d'influences dans la gestion de l'administration locale.
Déjà, en 2003 il avait été condamné à deux ans de prison ferme pour « diffamation », « offense » et « injure » à l'égard des institutions de l'Etat. En 2011, à la suite de nouvelles persécutions dont il avait été victime, Alkarama avait porté son cas à l'attention du Rapporteur Spécial sur la promotion et la protection du droit à la liberté d'opinion et d'expression (FREEDEX).
Déféré le 4 octobre 2015 devant le procureur du tribunal d'El Bayadh, le journaliste s'est vu accusé « d'outrage à corps constitué » et «d incitation au port d'arme contre l'Etat ». Il est aujourd'hui incarcéré à la maison d'arrêt d'El Bayadh où il a entamé une grève de la faim pour protester contre son arrestation qu'il considère politiquement motivée par l'exercice de ses droits fondamentaux et contre les irrégularités de la procédure dont il fait l'objet. Il rapporte notamment que c'est la présidente du tribunal d'El Bayadh qui a joué le rôle de juge d'instruction dans cette affaire alors même qu'un magistrat ne peut légalement cumuler les deux fonctions dans la même juridiction ; il exprime des doutes sur l'impartialité de cette magistrate qui se trouve être également l'épouse du directeur de la maison d'arrêt.
Selon ses sœurs qui lui ont rendu visite aujourd'hui à la maison d'arrêt, Hassan Bouras a entamé son cinquième jour de sa grève de la faim illimitée et il commence à être très affaibli ; il s'est vu interdire par l'administration pénitentiaire un pack d'eau minérale ainsi que du sucre apportés par sa famille.
Les poursuites engagées contre ce défenseur des droits de l'homme et les persécutions dont il continue à être victime témoignent une nouvelle fois de la volonté des autorités algériennes de faire taire toutes les voix discordantes.
Cette nouvelle arrestation intervient dans un contexte particulièrement difficile pour les défenseurs de droits de l'homme. En effet, depuis les élections présidentielles contestées de 2014 qui a vu le mandat du Président Abdelaziz Bouteflika reconduit pour la quatrième fois consécutive, il y a eu une volonté du pouvoir d'accroitre la répression sur les médias proches de l'opposition. A noter que l'Algérie figure à la 119ème place sur 180 du classement 2015 sur la liberté de la presse établi par l'ONG Reporters Sans Frontières.
Alkarama est préoccupée par les atteintes répétées à l'encontre de Hassan Bouras en violation grave des garanties de l'article 19 du Pacte international relatif aux droits civils et politiques (PIDCP) et la persécution systématique menée contre les défenseurs des droits de l'homme en Algérie.
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