Mise à jour: Le 5 septembre 2018, Alkarama a saisi le Rapporteur spécial sur le droit de réunion pacifique et la liberté d’association des Nations Unies du cas de 24 manifestants violemment interpellés le 30 août 2018 par la police alors qu'elles et ils manifestaient pacifiquement à l'occasion de la journée internationale des victimes de disparition forcée.
Une manifestation de familles de victimes de disparitions forcées organisée le 30 août 2018, journée internationale des victimes de disparition forcée, a été dispersée ce matin par un large dispositif policier. La dispersion de familles de victimes de dispositions forcées a été accompagnée de violence policière et d’arrestations arbitraires contre les manifestants pacifiques qui avaient répondu à l’appel au rassemblement de la Coordination nationale des familles de disparus (CNFD).
Vers 9h00 du matin, alors que les manifestants venaient à peine de se rassembler près de la place de La Brèche au centre de Constantine, un important dispositif policier a encerclé le rassemblement avant de procéder à des dizaines d’arrestations. Parmi les personnes arrêtées figuraient de nombreuses personnes âgées. Les victimes ont été interrogées au commissariat central de la ville avant d’être relâchées plus tard dans la journée.
Selon les organisateurs contactés par Alkarama, le rassemblement avait pour but de dénoncer l'amnistie des auteurs de graves violations des droits de l'homme commises durant la guerre civile et de revendiquer leur droit à la vérité et à la justice.
« Alkarama condamne fermement cette atteinte flagrante au droit au rassemblement pacifique, droit consacré par le Pacte international relatif aux droits civils et politiques auquel l'Algérie est partie », a déclaré Rachid Mesli, directeur juridique de la Fondation Alkarama. « Ce recours à la force autant injustifié que disproportionné tranche avec l’hommage rendu aujourd’hui par la communauté internationale aux victimes de disparitions forcées à travers le monde.»
Le 29 septembre 2016, un rassemblement similaire organisé à Alger avait été réprimé par les autorités à l'occasion du 11ème anniversaire de l'ordonnance portant Charte pour la paix et la réconciliation nationale. Ce texte interdit toute poursuite contre les éléments des forces de sécurité pour les crimes commis durant la guerre civile et criminalise tout acte visant à « nuire à leur honorabilité » ou à ternir « l'image de l'Algérie sur le plan international ».
En juillet 2018, le Comité des droits de l’homme de l’ONU a recommandé aux autorités algériennes d’amender la Charte afin de s’assurer que les allégations de graves violations des droits de l’homme et du droit humanitaire, telles que les massacres, les tortures, les viols et les disparitions, commises par les agents responsables de l’application de la loi et les membres des groupes armés, fassent l’objet d’enquêtes, de poursuites et de condamnations.
Pour rappel, l’Algérie est le cinquième pays au monde en termes de cas pendants devant le Groupe de travail sur les disparitions forcées ou involontaires (GTDFI) avec 3’179 cas de disparitions forcées non résolus du fait de l’absence de coopération des autorités. Selon les estimations, entre 1992 et 1998, entre 8,000 et 20,000 personnes, ont été arrêtées ou enlevées par des services de sécurité algériens ainsi que par les milices armées agissant au nom ou avec l'appui direct ou indirect, le consentement ou l'assentiment du gouvernement algérien.
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