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Le 4 mars 2015, Alkarama a adressé un appel urgent au Rapporteur spécial sur la situation des défenseurs des droits de l'homme concernant l'arrestation, le 1er mars dernier à El-Oued, de Rachid Aouine, sous le prétexte d'avoir diffusé un appel sur les réseaux sociaux à se joindre au vaste mouvement de contestation populaire contre l'exploitation du gaz de schiste. Cette action intervient quelques jours seulement après une première communication adressée par Alkarama aux experts de l'ONU, par laquelle la Fondation exprimait ses préoccupations quant aux menaces qui pesaient sur ce défenseur des droits de l'homme en raison de son engagement.

Rachid Aouine, porte-parole et l'un des fondateurs du « Front national de protection des richesses et de lutte contre la corruption » a depuis plusieurs années été la cible de mesures de représailles de la part des autorités algériennes pour avoir dénoncé, lorsqu'il exerçait les fonctions de douanier, les graves actes de corruption au sein de l'administration des douanes.

Actif également dans la défense des droits humains, il a récemment été pénalement poursuivi pour avoir dénoncé l'exercice de la torture dans un commissariat en diffusant une vidéo dans laquelle on pouvait écouter le témoignage d'une victime et constater les traces de torture sur son corps.

Dans le courant du mois de février, Rachid Aouine a pris part à plusieurs reprises à des manifestations contre l'exploitation du gaz de schiste, notamment dans la ville d'In Salah. Il a également publié de nombreux commentaires sur les réseaux sociaux et appelé ses concitoyens à participer massivement à ces manifestations afin de soutenir les habitants des régions touchées par le projet d'exploitation du gaz de schiste. Il a également appelé les forces de polices à prendre part aux mouvements de contestation pour faire valoir leurs droits, en particulier suite aux décisions arbitraires des autorités de suspendre plusieurs agents de police pour avoir manifesté.

C'est certainement pour toutes ces raisons qu'après son licenciement injuste de son travail en 2012 il continue aujourd'hui encore à payer le prix de son honnêteté et de son engagement en faisant l'objet de multiples procédures judicaires dans le but évident de le faire taire.

C'est ainsi que le 1er mars, Rachid Aouine a accompagné au commissariat de Bayadha un activiste convoqué par la police. À son arrivée au commissariat, Rachid Aouine a lui-même été arrêté sans mandat de justice alors que son camarade était remis en liberté après avoir été maltraité. Le 3 mars suivant, il a été présenté devant le procureur de la république du tribunal d'El Oued et s'est vu notifié de l'accusation d'« d'incitation à manifester ». Il a été placé en mandat de dépôt à la prison d'El-Oued et son procès se tiendra le 10 mars prochain.

Lors de sa comparution devant le procureur , de nombreux proches et sympathisants ont tenu un sit-in devant le tribunal afin de lui témoigner leur soutien et manifester pacifiquement leur opposition à son incarcération. Ce rassemblement pacifique a encore une fois été violemment réprimé par la police, et tous les membres de sa famille présents – y compris sa grand-mère très âgée – ont été interpellés et détenus au commissariat toute la journée.

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