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Mohamed Lamine Nateche, un adolescent de 16 ans, a été enlevé le 28 février 1996 vers 2h20 par des policiers du commissariat chez ses grands-parents à Hussein Dey, dans la banlieue d'Alger. Il avait l'habitude d'y passer la nuit car elle se trouvait à proximité de son collège. Les policiers l'ont ensuite emmené au commissariat de Bourouba.

 

« Ramenez-nous son oncle et on vous rendra l'enfant »
Dès la levée du couvre-feu, les parents de Mohamed se sont rendus au commissariat de Hussein Dey. Là, les policiers ont ordonné : « Ramenez-nous son oncle et on vous rendra l'enfant ». L'un des agents que les parents de Mohamed Lamine connaissaient leur a dit que leur fils avait été emmené « en prison » et qu'il avait quitté le commissariat.

La famille du collégien a alors entrepris toutes les démarches possibles pour le retrouver. Ils ont fait le tour des commissariats et des brigades de gendarmerie, en vain, et ont également déposé plainte auprès du Procureur de la République pour enlèvement.

Un an après la disparition de la victime, sa famille a reçu plusieurs informations non confirmées selon lesquelles il aurait été vu dans un lieu de détention secret proche du quartier d'El Harrach, probablement une caserne militaire ou un centre de détention du DRS.

Néanmoins, tant la police, que le DRS et l'armée ont continué de nier détenir Mohamed Lamine Nateche.

La politique de « réconciliation nationale » : Indemnisation contre certificat de décès
Dès la mise en œuvre de la Charte pour la paix et la réconciliation nationale en 2006, les parents de Mohamed ont été convoqués pour recevoir une « indemnisation ». On leur a alors présenté un certificat de décès et un document qu'ils devaient signer afin de percevoir l'indemnisation. Les parents ont refusé de signer le document, demandant à connaitre les raisons et circonstances du décès présumé de leur fils. Face au silence de l'agent, les parents sont partis. Deux années plus tard, ils ont été convoqués de nouveau : encore une fois, ils ont refusé de signer le document en question établissant le décès de leur proche et ont demandé que la lumière soit faite sur le sort de leur fils.

Cela fait maintenant plus de 17 années que la famille de Mohamed Lamine Nateche n'a aucune nouvelle de lui, qu'elle ignore s'il est mort ou vivant. Les autorités ont toujours refusé de reconnaitre sa détention puis sa probable exécution.

Dans le cadre du processus de « réconciliation nationale », les autorités algériennes ont accepté d'indemniser les familles de disparus à la seule condition qu'elles signent un document établissant la mort de leur disparu, sans jamais que les circonstances du décès n'aient été éclaircies, ni que la dépouille de la victime n'ait été remise à la famille.

L'établissement d'un certificat de décès par les autorités ne saurait remplacer leur obligation de faire la lumière sur les milliers de cas de disparition dont se sont rendus coupables les services de sécurité algériens pendant la « décennie noire ». Les autorités algériennes ont l'obligation de mener une enquête sur les circonstances de sa disparition et si le décès était confirmé, remettre sa dépouille à sa famille.

Aujourd'hui, Alkarama, qui continue de recevoir de nombreux cas de victimes de disparitions des années 1990, a soumis le cas de Mohamed Lamine Nateche au Groupe de travail sur les disparitions forcées des Nations unies.