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Nasreddine Rarrbo, militant de 25 ans membre du « Mouvement des Jeunes du 8 mai 1945 », a été arrêté le 5 février à Larbaa (Blida) par des agents des services de sécurité algériens et torturé pendant deux jours au commissariat de police avant d'être inculpé de « troubles à l'ordre public » et d' « outrage à corps constitués ».

Le 5 février dernier, vers 16 heures, plusieurs véhicules des services de sécurité, ont encerclé la maison de Nasreddine Rarrbo. Des agents de la police judiciaire, ainsi que des personnes en civils, probablement des agents du Département du renseignement et de la sécurité (DRS), ont investi les lieux. Après avoir fouillé son domicile, les agents ont arrêté le jeune militant sans même lui expliquer pourquoi, ni lui présenter de mandat de justice.

Nasreddine Rarrbo a ensuite été emmené au commissariat de police de Larbaa où il a été accueilli à coups de poing et de pied. Les agents l'ont ensuite dévêtu et attaché dans la cour du commissariat où il est resté pendant plusieurs heures dans le froid. Il a ensuite été interrogé à propos de ses activités sur le réseau social Facebook, et en particulier sur le Mouvement des Jeunes du 8 mai 1945, groupe qui dénonce la corruption et appelle à l'instauration de la démocratie par des moyens pacifiques en Algérie.

Les agents en civil lui ont demandé de leur donner le mot de passe de son compte Facebook ainsi que les coordonnées des membres de son mouvement. Devant son refus d'obtempérer, les agents ont continué de le torturer jusqu'au lendemain en fin de matinée. Il a été violemment battu et a notamment reçu des coups de manche à balai sur la plante des pieds (fallaqa). Refusant toujours de divulguer la moindre information sur ses amis militants, les agents l'ont alors menacé de le remettre aux services du DRS de Blida et de le faire « disparaître définitivement ».

Ce n'est que le lendemain, jeudi 7 février, qu'il a été présenté dans un état lamentable devant le magistrat du tribunal local de Larbaa qui l'a inculpé pour « troubles à l'ordre public », « outrages à corps constitués », et « écritures dans les lieux publics sans autorisation ». Le magistrat l'a cependant mis en liberté provisoire. A sa sortie du tribunal, les policiers l'ont menacé de représailles s'il osait raconter les tortures qu'ils lui avaient fait subir.

Cette affaire, qui est loin d'être un cas isolé, illustre la résurgence d'une pratique odieuse qui semblait jusque là appartenir au passé. Le but des autorités est clair : faire taire toute voix dissidente au sein de la société, en particulier toute contestation émanant des mouvements sociaux et de la jeunesse algérienne.

Aujourd'hui, Alkarama a soumis le cas de Nasreddine Rarrbo au Rapporteur spécial sur la torture des Nations unies et a également informé le Rapporteur spécial sur la liberté d'expression en les priant d'enjoindre aux autorités algériennes de mettre un terme à ces pratiques d'une période révolue.

Pour plus d'informations ou une interview, veuillez contacter media@alkarama.org (Dir: +41 22 734 10 08).