10 déc 2010
Dr Mohamed b. Abdullah b. Ali. Al-Abdulkareem, membre de l’« association pour les droits civils et politiques » a été arrêté le 5 décembre 2010 par des agents de la direction générale des renseignements sans mandat d'arrêt. Il est incarcéré à la prison d’Al Hayr près de Riyad.
Alkarama s'est adressée à la Rapporteuse spéciale sur la situation des défenseurs des droits de l’homme le 10 décembre 2010 sollicitant son intervention auprès des autorités saoudiennes afin que le Dr. Al-Abdulkareem soit libéré ou présenté le cas échéant, accompagné de ses avocats, devant une instance judiciaire compétente pour se voir légalement notifier les raisons de son arrestation et de sa détention.
Professeur de droit à l’Université Mohamed ibn Saoud à Riyad, le Dr Mohamed Al-Abdulkareem est âgé de 39 ans, marié, père de 03 enfants et réside à Riyad. Il est membre de l’association pour les droits civils et politiques, de l'Organisation arabe pour les libertés et la bonne gouvernance ; et également le rédacteur en chef du Journal du Congrès de la Nation.
Il a été arrêté à son domicile le 05 décembre à midi par des agents de la direction générale des renseignements (Al mudiriya al aama li al Mabahit) qui n’étaient pas munis d’un mandat de justice et qui ne l’ont pas informé des motifs de son arrestation ; il est actuellement détenu à la prison d’Al Hayr près de Riyad.
L’un de ses proches amis a tenté dans la même journée d’obtenir des informations sur le lieu de sa détention et les raisons de son arrestation, en vain ; les autorités de la prison qui relèvent du ministère de l’intérieur n’ont pas reconnu le détenir.
Le Dr Mohamed Al-Abdulkareem a cependant pu passer un appel téléphonique le jour même pour informer qu’il se trouvait bien à la prison d’Al-Hayr puis a rappelé une seconde fois le 08 décembre.
Selon sa famille et ses collègues des ONG dont il est membre, il ne fait aucun doute que son arrestation fait suite à sa publication sur sa page facebook d’un article intitulé "les conflits politiques entre les factions de la famille royale" dans lequel il analyse le problème de la succession et le mécanisme de transfert du pouvoir en Arabie saoudite.
Cette publication à caractère académique a été reprise dans de nombreux sites internet du pays et a suscité l’ouverture d’un débat dans la société civile saoudienne sur les questions de l’organisation du pouvoir dans le royaume.
Un collectif de plusieurs avocats s’est constitué pour défendre le Dr Mohamed Al-Abdulkareem. En date du 08 décembre 2010 ceux-ci ont présenté aux autorités une requête au nom de leur mandant visant à obtenir des garanties pour que ses droits fondamentaux énoncés par la loi interne soient respectés et en particulier :
- Qu’il bénéficie d’une mise en liberté provisoire immédiate n’ayant pas fait l’objet d’une accusation susceptible de justifier sa mise en détention et ce, conformément au décret ministériel N° 1900 du 09/07/1428 et de l’article 120 du décret royal organisant la procédure pénale.
- Que le collectif de défense soit autorisé à lui rendre visite pour s’assurer qu’il soit traité conformément à la loi ainsi que du respect des questions de procédure pénale conformément à l’article 39 du même décret royal.
- Que le collectif de défense puisse en particulier s’assurer que le Dr Mohamed Al-Abdulkareem ait bien été déféré, conformément à l’article 14 du même décret, devant une instance judiciaire compétente.
A ce jour, les avocats du Dr Mohamed Al-Abdulkareem n’ont obtenu aucune réponse des autorités. L’instance officielle des droits de l’homme ainsi que l’organisation nationale des droits de l’homme ne sont pas intervenus, le responsable de l’instance nationale a même exprimé que " le Dr Mohamed Al-Abdulkareem n’avait qu’à ne pas écrire un article sur ce sujet".
Il ne fait pas de doute que cette arrestation du Dr Al-Abdulkareem est motivée par l’exercice de son droit à exprimer librement et pacifiquement ses opinions politiques et également en raison de sa qualité de défenseur des droits de l’homme qui dénonce régulièrement les abus et les violations des droits humains dans son pays.