Des sources saoudiennes de défense des droits de l'homme ont rapporté que le défenseur des droits de l'homme Issa Al-Nukhaifi avait entamé une grève de la faim pendant sa détention dans la prison d'Al-Ha'ir à Riyad, sans donner de détails sur la raison de cette grève. Toutefois, selon des informations fiables, les autorités saoudiennes ont récemment renforcé leurs mesures répressives à l'encontre des prisonniers d'opinion et des défenseurs des droits humains.
Les autorités saoudiennes chargées de la sécurité ont arrêté Issa Al-Nukhaifi, un éminent avocat et défenseur saoudien des droits humains, le 18 décembre 2016, après qu'il ait répondu à leur appel à enquêter sur lui. Le 17 janvier 2017, Alkarama a envoyé un appel urgent au Rapporteur spécial sur la situation des défenseurs des droits de l'homme, lui demandant d'appeler les autorités saoudiennes à libérer immédiatement Al-Nukhaifi.
Al-Nukhaifi a été interrogé sur son compte Twitter après avoir demandé la libération des membres de l'Association pour les droits politiques au Royaume d'Arabie saoudite (ACPRA), et d'autres prisonniers d'opinion, et après avoir lancé un appel à la création d'un parlement dont les membres seraient élus par les citoyens.
Al-Nukhaifi a été arrêté plusieurs fois par le passé en raison de son activisme pacifique, et a été jugé en 2013 par la Cour pénale spécialisée chargée d'examiner les affaires de terrorisme et de sécurité de l'État, après être apparu à la télévision et avoir critiqué la corruption et les violations des droits humains dans le pays. En avril 2013, il a été condamné à trois et quatre ans de prison, à une interdiction de voyager et à une interdiction d'utiliser les médias sociaux, et n'a été libéré qu'en avril 2016.
Cette fois, le procès d'Al-Nukhaifi devant la Cour pénale spécialisée s'est ouvert le 21 août 2017, et les chefs d'accusation retenus contre lui sont notamment "atteinte au tissu social et à la cohésion nationale" ; "communication avec des groupes étrangers hostiles à l'État et réception de fonds de ces groupes" et "utilisation du téléphone et d'Internet pour stocker et transmettre des informations affectant l'ordre public."
En février 2018, le tribunal pénal spécialisé a condamné al-Nukhaifi à six ans de prison et lui a interdit de voyager et d'utiliser les médias sociaux pendant une période de six ans, sur la base des dispositions de la loi anticybercriminalité. Le 7 avril 2018, la Cour d'appel a confirmé, dans une décision qui ne peut faire l'objet d'un appel, le verdict contre Al-Nukhaifi.
Fin juin 2018, le Haut-Commissaire des Nations unies aux droits de l'homme a publié un mémorandum qu'un certain nombre d'experts des Nations unies avaient envoyé aux autorités saoudiennes, exprimant leur "grave préoccupation concernant [...] la pratique généralisée et régulière d'arrestations et de détentions arbitraires d'individus, notamment de défenseurs des droits de l'homme, pour l'exercice pacifique de leurs droits à la liberté d'expression, de croyance, de réunion et d'association."
La note, datée du 22 décembre 2017, énumère les noms de 15 personnes dont Alkarama a porté les cas devant les procédures spéciales, notamment l'avocat et défenseur des droits de l'homme Issa Al-Nukhaifi, neuf membres de l'Association des droits civils et politiques en Arabie saoudite (ACPRA), interdite, ainsi que le blogueur Raif Badawi, les défenseurs des droits de l'homme Jaber Al-Amri et Fadel Al-Manasif, le prédicateur Salman Al-Odah et son frère Khaled.
Dans cette note, le Rapporteuse spéciale sur la promotion et la protection du droit à la liberté d'opinion et d'expression, le Rapporteur spécial sur la liberté de religion ou de conviction, le Rapporteur spécial sur la situation des défenseurs des droits de l'homme, la Rapporteuse spéciale sur la promotion et la protection des droits de l'homme et des libertés fondamentales dans la lutte contre le terrorisme, ainsi que le Groupe de travail sur la détention arbitraire, ont alerté l'Arabie saoudite sur son obligation, en tant que membre du Conseil des droits de l'homme des Nations unies à l'époque, de "veiller au respect des normes les plus élevées en matière de promotion et de protection des droits de l'homme." Ils ont renouvelé leurs précédentes recommandations demandant la libération immédiate de toutes les victimes susmentionnées. Dans leur lettre, ils ont également demandé au gouvernement de fournir des informations sur les mesures prises pour mettre la législation antiterroriste et relative à la sécurité en conformité avec les normes internationales en matière de droits de l'homme.