Après les attentats du 11 septembre, les Etats-Unis avaient établi une Commission nationale sur les attaques terroristes à l'encontre des Etats-Unis (Commission 9/11), qui avait émis une liste d'individus suspects. M. Al-Ghamdi, universitaire de 35 ans, en faisait partie. Il apparaissait également sur une liste établie par les autorités saoudiennes suite aux bombardements de Riyadh en mai 2003. M. Al-Ghamdi a tenu à se blanchir de ces multiples accusations et a proclamé son innocence. Il a cependant été arrêté fin mai 2003 avec huit membres de sa famille, dont sa femme, sans qu'aucun chef d'inculpation ne leur soit signifié, et M. Al-Ghamdi a alors été incité à se dénoncer pour que sa famille soit libérée.
Sous la pression et dans la crainte de voir ses proches incarcérés, M. Al-Ghamdi a cédé et s'est rendu aux autorités. Saisi de cette situation, le Groupe de travail sur la détention arbitraire (GTDA) a adopté le 5 mai 2011 l'avis 18/2011 confirmant les termes de la communication d'Alkarama du mois de septembre 2009 sur le caractère arbitraire de la détention de M. Al-Ghamdi, toujours détenu à ce jour.
Les autorités saoudiennes ont assuré à M. Al-Ghamdi qu'il aurait droit à un procès équitable, qu'il serait soumis aux procédures légales, que sa famille serait libérée et qu'il ne subirait pas de tortures après son arrestation. C'est à ces conditions qu'il a accepté de se rendre, avant d'être transféré à la prison de Al-Hayr. Cependant, malgré ces garanties, son frère est toujours détenu et sa famille subit de nombreuses pressions. M. Al-Ghamdi est toujours emprisonné à ce jour et toute assistance juridique lui a été refusée, sept ans après son arrestation.
Dans l'avis 18/2011, les experts onusiens ont constaté qu'ils avaient déjà été saisis dans le passé de cas similaires, et déplorent les « tentatives fréquentes de l'Etat d'utiliser la législation normale ou d'avoir recours aux lois spéciales de l'état d'urgence pour combattre le terrorisme, ce qui augmente considérablement le risque de détentions arbitraires. De telles lois, per se ou dans leur application, à cause de leur définition large et vague de la notion de terrorisme, permettent d'inculper des innocents aussi bien que des suspects, et diminuent de fait le niveau de garanties dont jouissent les personnes ordinaires dans des circonstances normales ».
En conclusion, le groupe de travail des Nations Unies a considéré que la privation de liberté de M. Al Ghamdi est arbitraire, conformément aux catégories I et III du groupe de travail, en ce qu'elle s'est faite sans bases légales et en violation des articles 9 et 10 de la Déclaration Universelle des Droits de l'Homme. Le groupe de travail a également déclarées arbitraires les détentions des autres membres de la famille Al Ghamdi.
A l'occasion de cette décision, les experts de l'ONU ont appelé le gouvernement à libérer M. Ghamdi sans délai, et lui ont instamment demandé de faire en sorte que son droit à une indemnisation soit effectif.
De nombreuses décisions ont été rendues par le Groupe de travail de l'ONU sur la détention arbitraire concernant l'Arabie Saoudite. Aucune n'a été suivie d'effets à ce jour en dépit des affirmations des autorités politiques sur leur volonté de coopérer avec les procédures spéciales des Nations Unies.
Alkarama a mis en place une structure chargée du suivi des décisions et recommandations rendues par les différentes instances onusiennes ; ce cadre permettra à notre organisation de suivre d'une manière efficiente la mise en œuvre par les Etats concernés de ces Avis et autres recommandations.