Aller au contenu principal

Abdulrahim Al-Murbati, entrepreneur de 51 ans de nationalité Bahreïnie, a été arrêté à sa résidence secondaire de Médine le 22 août 2003 par des agents des services de renseignement saoudiens. Il a été détenu trois mois au secret à la prison de Ruwais, avant d'être transféré à la prison d'Alisha. Ce n'est qu'en décembre 2003 que sa famille a été informée de son sort et autorisée à lui rendre visite. Au cours de sa détention, M. Al Murbati a fait l'objet de diverses tortures et a été isolé dans une cellule gelée et violemment interrogé sur ses activités au sein d'une organisation d'aide aux réfugiés afghans durant l'occupation soviétique dans les années 1980.

Saisi de cette situation, le Groupe de travail sur la détention arbitraire (GTDA) a adopté le 3 mai 2011 l'avis 17/2011 confirmant les termes de la communication d'Alkarama du mois de juillet 2008 sur le caractère arbitraire de la détention de M. Al Murbati, toujours détenu à ce jour.

Jusqu'en 2008, M. Al Murbati a constamment été transféré d'une prison à l'autre jusqu'à ce que les autorités aient décrété ne plus reconnaître sa détention, en juin 2008. Jusqu'en octobre, sa famille n'a pas été informée de son sort. Actuellement détenu à la prison de Dammam, il souffre de graves problèmes de santé et a perdu plus de cinquante kilos depuis son arrestation. Toute assistance juridique ou médicale lui a été refusée à ce jour, ses chefs d'inculpation ne lui ont toujours pas été signifiés, pas plus qu'il n'a été présenté aux procédures légales, sept ans après son arrestation.

Dans l'avis 17/2011, les experts onusiens ont estimé que l'arrestation de M. Al Murbati sans mandat d'arrêt, doublée de l'absence d'une assistance juridique, de la connaissance de ses chefs d'inculpation et d'un jugement équitable, s'inscrit dans un « schéma récurrent de violation des droits de l'homme dans le pays».

En conclusion, le groupe de travail des Nations Unies a considéré que la privation de la liberté de M. Al Murbati est arbitraire, conformément aux catégories I et III du groupe de travail, en ce qu'elle s'est faite sans bases légales, et en violation des articles 9 et 10 de la Déclaration Universelle des Droits de l'Homme.

A l'occasion de cette décision, les experts de l'ONU ont appelé le gouvernement à libérer M. Al Murbati sans délai, et lui ont instamment demandé de faire en sorte que son droit à une indemnisation soit effectif.

De nombreuses décisions ont été rendues par le Groupe de travail de l'ONU sur la détention arbitraire concernant l'Arabie Saoudite. Aucune n'a été suivie d'effets à ce jour en dépit des affirmations des autorités politiques sur leur volonté de coopérer avec les procédures spéciales des Nations Unies.

Alkarama a mis en place une structure chargée du suivi des décisions et recommandations rendues par les différentes instances onusiennes ; ce cadre permettra à notre organisation de suivre d'une manière efficiente la mise en œuvre par les Etats concernés de ces Avis et autres recommandations.