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Alkarama for Human Rights, 16 juillet 2008

Alkarama a adressé une communication au Groupe de travail sur la détention arbitraire pour lui demander d'intervenir d'urgence auprès des autorités saoudiennes dans le cas de M. Abdulrahim Al-Murbati, citoyen bahreïni, détenu sans procédure légale depuis le 22 août 2003 en Arabie Saoudite et dont la famille est sans nouvelle depuis le 06 juin 2008.

M. Abdulrahim Ali Abdellah AL-MURBATI est né le 28 décembre 1960 à Bahreïn, il est commerçant et sa famille demeure au Bahreïn. Il a été arrêté par les services des renseignements généraux saoudiens (Al Mabahit Al Aama) le 22 août 2003 à Médine où il possède une résidence et où il habitait régulièrement avec sa famille depuis plusieurs années.

Après son arrestation, celle-ci n'a eu aucune nouvelle de lui pendant plus de quatre mois en dépit de ses nombreuses démarches auprès du ministère de l'intérieur saoudien. Ce n'est qu'au mois de décembre 2003 qu'elle a appris qu'il était détenu à la prison de Alicha près de Riyad. Elle a pu lui rendre visite après une intervention de l'ambassade du Bahreïn à Riyad

C'est à l'occasion de cette première visite à la prison de Al Alicha que sa famille a appris que M. Al-Murbati avait d'abord été détenu pendant trois mois dans la prison de Ruwais à Jeddah avant d'être transféré à celle de Al Alicha.

Elle a également appris à cette occasion qu'il était sauvagement torturé depuis son arrestation : Il a été fouetté à l'aide de câbles électriques sur le dos et sur la plante des pieds de très nombreuses fois et à l'occasion de chaque interrogatoire, il était détenu dans un isolement total dans une cellule glacée, éclairée jour et nuit d'une lumière très vive, et privé de soins.

Il a également rapporté avoir été interrogé par les services de renseignement sur ses activités antérieures au sein d'une Organisation caritative non gouvernementale, reconnue et financée dans un passé récent par les autorités saoudiennes, elles-mêmes et active dans le domaine humanitaire dans les camps de réfugiés afghans pendant l'occupation soviétique.

Aucune inculpation ne lui a cependant été notifiée et M. Al-Murbati n'a de fait jamais été présenté devant un magistrat.

La famille de M. Al-Murbati a tenté de lui constituer un avocat pour l'assister mais aucun n'a accepté en raison de l'impossibilité pour un conseil d'assister un détenu. Sa famille a cependant été autorisée à lui rendre visite dans les différentes prisons où il était transféré et ce jusqu'au début du mois de mars 2008. A cette date M. Al-Murbati se trouvait encore à la prison de Djedda, et il aurait été transféré de nouveau à une date indéterminée à la prison d'Al Hayr à Riyad.

Sa famille n'a plus été autorisée à lui rendre visite et lorsqu'elle s'est rendue à la prison d'Al Hayr, l'administration lui a communiqué qu'il ne se trouvait plus dans cet établissement depuis le 06 juin 2008, sans toutefois lui fournir plus de précisions.

Malgré les nombreuses démarches de sa famille auprès des autorités, celles-ci ont depuis refusé de lui donner des informations sur son sort ; l'ambassade du Bahreïn à Riyad l'a enfin informée dernièrement qu'après avoir elle-même effectué des démarches auprès des autorités saoudiennes, celles-ci ne reconnaissent plus le détenir.

La famille de M. Al-Murbati est donc particulièrement inquiète de son sort et craint que la négation de sa détention par les autorités saoudiennes ne serve à couvrir de graves violations dont il pourrait être victime.

Elle demande donc une intervention urgente afin que M. Al-Murbati soit placé sous la protection de la loi, que sa famille soit informée de son lieu de détention et autorisée à lui rendre visite et enfin qu'un avocat soit autorisé à se constituer pour l'assister conformément à l'article 2 du décret royal N° M.39.

M. Al-Murbati est incontestablement privé de sa liberté d'une manière arbitraire depuis son arrestation il y a près de 05 années, ce qui constitue une violation grave de ses droits les plus fondamentaux.

Sa détention actuelle est contraire tant aux normes légales internes qu'aux normes internationales énoncées dans la Déclaration universelle des droits de l'homme.