Des familles de prisonniers arbitrairement détenus dans les prisons saoudiennes se sont rassemblées aujourd'hui sur des places centrales à Amman, Alger, Beyrouth, Dublin, Manama, Londres et Paris afin de sensibiliser l'opinion publique sur les violations des droits de l'homme commises par les autorités saoudiennes et les inciter à soutenir leur cause. Dans chaque ville, les familles ont envoyé une lettre au Roi Abdullah Bin Abdul Aziz Al-Saud pour lui demander que leurs proches soient traduits en justice ou libérés immédiatement.
« A ce jour, le nombre de personnes arbitrairement détenues dans les prisons saoudiennes est estimé à des milliers », a déclaré aujourd'hui Deborah Manning, consultante juridique pour Alkarama, organisation basée à Genève spécialisée sur les violations des droits de l'homme dans le Monde arabe. Et d'ajouter: «Leur détention constitue une violation flagrante du droit international des droits de l'homme et des principes de justice fondamentale. Outre ces abus de procédure dont ils ont été victimes, les détenus ont souvent été torturés et soumis à des violences physiques et psychologiques. »
« Quiconque arrêté en Arabie saoudite devrait être soit jugé, inculpé et assisté d'un avocat, soit libéré immédiatement. », a ajouté Manning.
Ces rassemblements marquent l'inauguration de la campagne de l'association Adala (www.adalaksa.org), une organisation venant en aide aux familles des détenus arbitraires en Arabie saoudite.
Lors du rassemblement devant l'ambassade saoudienne à Londres, l'épouse d'Abdelhakim Gellani, détenu actuellement à la prison de Riyadh, a déclaré: « Je comprends que si quelqu'un fait quelque chose, vous l'inculpez. Mais mon mari est détenu depuis 3 ans maintenant et n'a jamais été inculpé. Adala signifie justice. C'est tout ce que l'on demande. Que la justice fasse son travail.»
Au cours des dernières années, des organisations de défense des droits de l'homme ont épinglé les autorités saoudiennes qui, en recourant à la détention arbitraire, tentent de museler les groupes d'opposition, partisans d'une réforme au sein du Royaume.
Les droits les plus élémentaires tels que les droits à la liberté d'expression et d'association sont bafoués en Arabie saoudite : mouvements d'opposition, défenseurs des droits de l'homme et écrivains critiques à l'encontre du régime sont perçus comme les instigateurs de la « désunion », « sédition », « séparation » et non comme des défenseurs des droits de l'homme.
« De nombreux droits fondamentaux liés à la liberté de parole et d'association sont restreints en Arabie saoudite par une définition vague de la criminalité et par les mesures anti-terroristes du gouvernement », a ajouté Manning.
L'article 39 de la Loi fondamentale du Royaume d'Arabie saoudite, adoptée en janvier 1992 stipule:
« Tous les actes qui favorisent la sédition ou la division ou nuisent à la sécurité de l'État et de ses relations publiques (...) sont interdits. Les lois définiront toutes ces dispositions. »