Le 25 juin 2015, Alkarama a sollicité le Rapporteur Spécial des Nations Unies sur la promotion et la protection du droit à la liberté d'opinion et d'expression (RSLOE) concernant les arrestations, le 6 juin 2015, de trois sympathisantes de l'opposition et du contrôleur général de la LDDH lors d'un rassemblement pacifique à Djibouti-Ville. Victimes de mauvais traitements en détention, ces quatre personnes ont été condamnées quelques jours plus tard à huit mois de prison avec sursis par le tribunal des flagrants délits, avant d'être libérées.
Le 6 juin 2015, la coalition de l'opposition, l'Union pour le Salut National (USN) avait appelé à un rassemblement pacifique à Djibouti-ville en prévision du retour de Nima Djama Miguil, une chanteuse populaire engagée contre le pouvoir et qui s'était exilée au Canada cinq ans auparavant. De nombreux sympathisants avaient pris part à cette manifestation pacifique et, alors qu'ils se dispersaient dans le calme, des forces du commissariat de police du 3ème arrondissement sont intervenues Avenue Nelson Mandela et ont violemment arrêté huit personnes, dont deux mineurs, et les quatre personnes mentionnées ci-dessus, Mmes Mako Waiss Bouh, Hasna Ahmed Ibrahim, Habado Chirdon Dougsieh, âgées entre 40 et 55 ans, et Mr Faisal Mohamed Ibrahim, 26 ans.
Ces dernières ont été emmenées au commissariat du 3ème arrondissement où elles sont restées détenues au secret pendant 48 heures, sans pouvoir bénéficier de l'assistance d'un avocat ou contacter leurs familles. Matraquées et frappées par les forces de police, elles ont également fait l'objet de torture psychologique. Après deux jours de détention au secret, les quatre victimes ont été transférées à la prison de Gabode, connue comme étant une zone de non-droit notoire pour sa pratique de la torture et ses conditions de détention épouvantables.
Déférées devant le tribunal des flagrants délits le 9 juin elles ont été condamnées, sans la présence d'un avocat, à huit mois de prison avec sursis pour « participation à une manifestation illégale » et « troubles à l'ordre public », lors d'un procès durant lequel la Cour n'a pas tenu compte des mauvais traitements dont ils ont fait l'objet, institutionnalisant davantage l'impunité dont bénéficient les forces de l'ordre djiboutienne quant à leur pratique de la torture.
Les condamnations et mauvais traitements de ces quatre personnes ne sont pas des événements isolés à Djibouti, où opposants politiques et défenseurs des droits de l'homme vivent sous la menace constante des autorités, qui n'hésitent pas à procéder à des arrestations et des détentions arbitraires au cours desquelles sont souvent rapportés de mauvais traitements perpétrés en toute impunité par les forces de l'ordre. De fait, la société civile et l'opposition ne disposent pas d'un espace de dialogue pour exercer leurs activités de manière indépendante.
Afin que les autorités annulent les condamnations prononcées à l'encontre des quatre victimes, Alkarama a sollicité l'intervention du RSLOE. Les autorités djiboutiennes doivent mettre un terme au harcèlement constant dont sont victimes tous ceux qui osent les critiquer, et garantir le libre exercice de la liberté d'expression et de réunion pacifique, tel qu'inscrits dans le Pacte international sur les droits civils et politiques (PIDCP) ratifié par le pays en 2002.
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