Le 24 octobre 2016, après trois mois de détention arbitraire, les autorités djiboutiennes ont libéré Abdi Aden Cheik Ali, citoyen djiboutien qui avait été arrêté le 20 juillet 2016 suite à la publication d'une vidéo dénonçant la pénurie d'eau dans la région. Une fois relâché, il a rapporté avoir été détenu dans des conditions particulièrement difficiles. Alkarama avait soumis son cas, le 10 août 2016, au Rapporteur Spécial des Nations Unies sur la promotion et la protection du droit à la liberté d'opinion et d'expression (RS LIBX), pour appeler les autorités djiboutiennes à le libérer à la suite de sa condamnation à trois mois de prison.
Le 20 juillet 2016, des agents de la gendarmerie d'Ali-Sabieh, ville située au sud de Djibouti, ont arrêté Abdi Aden Cheik Ali à son domicile sans mandat d'arrêt. Son arrestation était liée à la publication d'une vidéo dénonçant la pénurie d'eau et les difficultés rencontrées par la population dans sa région. Gardé à vue par la gendarmerie pendant trois jours, on lui avait interdit tout contact avec sa famille. En outre, il n'avait pas pu se faire assister par un avocat et n'avait jamais été notifié des accusations portées contre lui. Déféré devant le parquet de Djibouti-ville le 23 juillet, il avait ensuite été transféré à la prison de Gabode. Le 31 juillet, il a finalement été condamné à trois mois de prison ferme. Sa condamnation constituait une claire violation de son droit à un procès équitable, à savoir le droit d'être notifié des accusations portées contre lui, le droit à la défense et l'accès à un avocat.
Bien qu'Alkarama accueille favorablement sa libération, elle demeure profondément préoccupée quant à la répression systématique des autorités djiboutiennes envers les activistes, défenseurs des droits de l'homme ainsi que les journalistes qui critiquent le régime. Par conséquent, l'arrestation de Cheik Ali s'inscrit dans un contexte de répression initiée par le régime de Djibouti visant à faire taire toutes les voix dissidentes dans le pays. En janvier 2016, Alkarama avait déjà sollicité l'intervention du RS LIBX concernant le cas de Kadar Abdi Ibrahim, le co-directeur de publication du journal l'Aurore qui avait été poursuivi pour avoir publié la photo d'une fillette de sept ans décédée lors de la violente dispersion d'une cérémonie religieuse par les forces de police et l'armée djiboutienne le 21 décembre 2015. Il est donc clair que toute critique des autorités sur les réseaux sociaux donne lieu à un harcèlement judiciaire.
« On est très heureux d'avoir appris sa libération, cependant la répression systématique des voix de l'opposition est préoccupante et contrevient aux droits et libertés fondamentales tels que le droit à la liberté d'expression et d'opinion inscrits, entre autres, dans le Pacte International relatif aux Droits Civils et Politiques (PIDCP) », a déclaré Simone Di Stefano, responsable juridique de la région Nil à Alkarama.
Alkarama appelle les autorités djiboutiennes à cesser toutes poursuites judiciaires et arrestations arbitraires de personnes critiques à l'égard du régime, et à garantir des procès équitables pour tous, ainsi que des conditions de détention adéquates, et de veiller au respect des principes inscrits dans le PIDCP que le pays a ratifié en 2002.
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