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Ahmed Saad Douma, jeune blogueur de 20 ans, étudiant à l'Université de Tanta, a été arrêté par les Service de sûreté de l'Etat (SSI- Amn Al-Dawla) à la frontière de Rafah, entre Gaza et l'Egypte, le 4 février 2009. Il a été accusé " d'avoir tenté de traverser la frontière Est illégalement ". Le 10 février 2009, il est jugé par la Cour militaire qui l'a condamné à un an de prison et une amende de 2000 LE ($US 360). Il a été torturé durant son transfert à la prison et l'a été à nouveau le 5 décembre 2009.

Craignant qu'il ne subisse de nouvelles tortures, Alkarama a interpellé le 18 décembre 2009 le Rapporteur spécial sur la torture lui demandant d'intervenir en urgence auprès des autorités égyptiennes.

Des blogueurs égyptiens pris pour cible

Entre janvier et février 2009, les tensions politiques et les protestations publiques se sont considérablement accentuées en Egypte en raison des positions officielles à propos de l'agression israélienne sur Ghaza.. En réponse à ces protestations, le gouvernement égyptien a réprimé toute manifestation de soutien au peuple palestinien. De nombreuses arrestations de manifestants ont eu lieu en janvier 2009, et les blogueurs ont été particulièrement pris pour cible : Le blogueur germano-égyptien, Philip Rizk, et Diaeddin Gad, éditeur de Angry Voice, ont tous deux été arrêtés à cette période.

Ahmed Douma n'a pas seulement été arrêté en raison de son activité comme blogueur, mais surtout pour son engagement contre la guerre. Il s'était rendu avec d'autres activistes à Ghaza pour exprimer sa solidarité avec le peuple palestinien et protester contre les bombardements israéliens et la passivité du gouvernement égyptien durant l'agression. Lorsqu'ils ont rejoint l'Egypte par la frontière de Rafah, les autorités égyptiennes les ont arrêtés. Par la suite, ils ont été jugés par la Cour militaire. Magdy Ahmed Hussein, membre dirigeant du mouvement Kefeya, a également été arrêté avec les autres activistes à cette occasion. Alkarama a présenté son cas au Groupe de travail sur les détentions arbitraires le 3 mars 2009,.

Cour militaire, tortures répétées

Après avoir été condamné par la Cour militaire, en dépit du fait qu'il soit civil, Ahmed Douma a été transporté le 28 février 2009depuis le siège du Service de renseignements de la sûreté de l'État (SSI) à Al-Arish jusqu'à la prison de Damanhour. Pendant le transfert, l'officier de police l'a conduit au poste de police d'Al-Khalifa où il a été torturé à plusieurs reprises. Il a été frappé sur tout le corps, menotté et pendu par les poignets au dos d'une porte, encourant le risque que ses bras soient brisés. Bien qu'une plainte ait été déposée devant le Procureur général de Damanhour, aucune action n'a été entreprise contre l'officier qui a torturé Ahmed Douma.

En novembre 2009, lorsque Ahmed Douma a été autorisé à quitter la prison afin de passer ses examens à la Faculté de Droit au sein de l'Université de Tanta, il a subi à nouveau de graves tortures et fait l'objet de traitements inhumains. Le 5 décembre 2009, il a été extrait de la section politique de la prison de Damanhour pour être interrogé par un gardien de prison et par l'enquêteur en chef de la prison. Tout au long de l'interrogatoire, il a été torturé. Les officiers l'ont menacé d'employer encore plus de violence et d'utiliser les faux aveux obtenus au cours de cette séance de torture pour qu'il soit rejugé sur la base de nouvelles charges portées contre lui. Ils l'ont aussi menacé de le transférer en cellule d'isolement.

Alkarama a interpellé le Rapporteur spécial sur la torture afin qu'il insiste auprès des autorités égyptiennes pour que celles-ci ordonnent une enquête sur les allégations de torture concernant Ahmed Douma et que des mesures soient prises en conformité avec la loi interne et les obligations découlant des ratifications de traités internationaux qui interdisent la torture et la sanctionnent pénalement. Alkarama recommande vivement aux autorités égyptiennes de garantir l'intégrité physique et morale de M Douma et de respecter les normes de traitement garanties aux prisonniers par la loi égyptienne et les principes internationaux.