22 fév 2009
Alkarama attire l'attention du Rapporteur spécial sur la torture sur plusieurs cas de décès sous la torture, une pratique généralisée en Egypte et qui a tendance à se perpétuer en raison notamment de l'impunité totale qui est assurée aux auteurs par les autorités publiques.
M. Abdessadek Zahrane CHAHINE, âgé de 54 ans, demeurant à Tanta, a été arrêté devant son domicile pendant la cérémonie de mariage de sa fille le 05 février 2009. Les forces de police qui sont intervenues l'ont violemment battu en présence de nombreuses personnes présentes sur les lieux.
Ayant perdu connaissance, il a été transporté à l'hôpital où les médecins n'ont pu que constater son décès. Selon les autorités saisies par sa famille, une autopsie aurait été effectuée sur la victime, mais à ce jour, aucune information n'a été communiquée à sa famille.
Plusieurs cas similaires ont été recensés mais n'ont reçu aucune suite en dépit des demandes d'enquête ou d'autopsie formulées par les familles des victimes.
Ainsi le 05 novembre 2006, M. Ahmed Hassane Fouad, commerçant, âgé de 35 ans et demeurant à Alexandrie, a été arrêté par la police de Mina Al Bassal et emmené à leur centre où il a été détenu au secret.
Les services de police qui avaient nié dans un premier temps sa détention ont fini par l'admettre. L'un des officiers de police a finalement autorisé à un membre de sa famille à lui rendre visite sur son lieu de détention.
Ce dernier a rapporté que M. Fouad portait des traces de violences notamment sur le visage et l'a informé qu'il était torturé quotidiennement. Quelques jours plus tard, sa famille a été avisée " qu'il s'était suicidé " par pendaison.
Sa famille a émis des doutes sur la réalité de ces affirmations notamment en raison de la hauteur du plafond de la salle de bain où il aurait été retrouvé pendu et surtout le fait que ce local n'était pas utilisé par les détenus mais réservé au personnel.
Sa famille a avisé le procureur général pour lui demander de procéder à une autopsie et à une enquête. A ce jour, elle n'a pas obtenu de réponse. Il est à souligner que les deux officiers cités comme responsables des tortures ont été mis en cause par de nombreux détenus torturés dans les postes de police de la région mais n'ont jamais fait l'objet d'une procédure d'enquête.
Mohamed Neboua Abdelhafid, âgé de 24 ans a été arrêté le 10/7/2007 devant son domicile à Giza par des policiers et emmené au poste de Wassim. Des témoins ont rapporté à sa famille qu'il y avait été sauvagement torturé.
Quelques jours après son arrestation, les policiers ont informé sa famille qu'il s'était suicidé en se jetant du quatrième étage du centre de police. Aucune autopsie ou enquête n'auraient été ordonnées par le procureur général saisi par la famille de la victime.
Nasser Sadek Djadallah Georges, commerçant, âgé de 45 ans et demeurant dans la Muhafadat Al Giza, avait refusé de payer une " taxe " à un officier de police, connu pour racketter les commerçants locaux. Il avait décidé de porter plainte contre celui-ci. Quelques jours plus tard, le 07 août 2007 à 05 heures du matin, les collègues du policier accusé de corruption ont fait irruption à son domicile et l'ont arraché de son lit en le rouant de coups de poings et de pied et en lui criant " C'est toi qui veut déposer plainte contre un policier ! " Après l'avoir longuement battu, ils l'ont emmené au bord d'une fenêtre de l'appartement et l'ont jeté dans le vide. Il est mort quelques instants après.
Les policiers ont ensuite affirmé qu'il s'était suicidé en se jetant dans le vide. Plusieurs membres de sa famille ont cependant été témoins du traitement qu'il a subi avant son décès et du fait qu'il a été jeté par la fenêtre par les policiers. Le procureur général saisi n'a, là encore, donné aucune suite à la plainte de la famille à ce jour.
Ces cas ne constituent malheureusement pas des situations isolées. Cette pratique est généralisée et se perpétue en toute impunité en Egypte.
Alkarama va informer le Rapporteur spécial sur les exécutions extrajudiciaires de ces cas et demande au Rapporteur spécial sur la torture de bien vouloir prier les autorités égyptiennes de donner suite aux plaintes des familles des victimes citées et que les cas rapportés fassent l'objet d'enquêtes promptes, impartiales et indépendantes.