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La détention d'Ahmed Mansour durant plus de 7 mois était arbitraire, a annoncé le Groupe de Travail des Nations Unies sur la Détention Arbitraire, à propos de cet éminent défenseur des droits de l'homme, originaire des Emirats et âgé de 42 ans. Il a également appelé les autorités émiraties à lui accorder réparation pour ce traitement injuste. Il semble effectivement que Mansour ait pu bénéficier d'une grâce inattendue, le 28 novembre, suite à la décision de l'ONU dans cette affaire.

Tout a commencé lorsqu'Ahmed Mansour a été arrêté le 9 avril 2011. Il a pu avertir la communauté internationale juste avant les faits, alors que des forces de sécurité tentaient de l'enlever en pleine nuit, la veille de son arrestation. Suite à cette tentative d'enlèvement manquée, un groupe de dix individus a été chargé de l'arrêter le lendemain.

Alarmée par l'arrestation arbitraire de M. Mansour et craignant pour sa sécurité, Alkarama a alerté le Rapporteur Spécial sur la Torture, le 12 avril, pour lui demander d'intervenir auprès des autorités émiraties.

En juin, Mansour a été jugé, en même temps que 4 autres militants : Nasser bin Ghaith, économiste et professeur à l'Université Paris-Sorbonne-Abou Dabi, et les cyber-activistes Fahad Salim Dalk, Ahmed Abdul-Khaleq, and Hassan Ali al-Khamis, collectivement désignés sous le nom des '5 E.A.U.' par leurs partisans, devant la Cour de Sûreté de l'Etat. Ils ont été accusés "d'outrage public" envers les dirigeants des Emirats Arabes Unis. Leur procès s'est déroulé à huis-clos, en violation des normes internationales relatives à un procès équitable. Suite à la pression d'une coalition internationale des droits de l'homme qui examinait cette affaire, le procès fut ouvert aux observateurs, y compris Alkarama qui a assisté à deux audiences et a constaté de nombreuses failles de procédure.

A l'issue des audiences de l'été et de l'automne 2011, qui ont confirmé l'inquiétude exprimée par les organisations des droits de l'homme, la cour a reconnu la culpabilité d'Ahmed Mansour et des quatre autres prévenus, le 27 novembre 2011, et les a condamnés à une peine d'emprisonnement de 2 à 3 ans. Cependant, Alkarama a appris le lendemain, suite à un brusque revirement de situation, que M. Mansour et les autres militants arrêtés avec lui, allaient être libérés le soir même, le 28 novembre 2011. Nous avons seulement appris aujourd'hui que le Groupe de Travail sur la Détention Arbitraire avait fait part de son avis à propos du caractère arbitraire de la détention d'Ahmed Mansour, le 22 novembre 2011, soit seulement 6 jours avant sa libération.
Bien que nous ayons félicité les autorités émiraties d'avoir respecté les conclusions du Groupe de Travail et d'avoir libéré les '5 E.A.U., nous demeurons préoccupés par le fait que leurs casiers judiciaires n'aient pas été effacés.

En outre, nous sommes inquiets qu'ils continuent à subir du harcèlement encore aujourd'hui. S'adressant à Alkarama, Ahmed Mansour s'est dit frustré que "les tactiques des autorités n'aient pas changé" - il n'est pas en mesure de réintégrer son emploi, ne peut se déplacer librement et continue d'être la cible de menaces de mort en ligne, que les autorités refusent de prendre au sérieux.
Alkarama prie les autorités émiraties de réagir à l'avis n° 64/2011 du Groupe de Travail, tant sur la forme que sur le fond, en accordant réparation, comme l'avis l'exige, pour la détention arbitraire d'Ahmed Mansour. L'ONG demande également que le harcèlement et les violations dont il fait l'objet, ainsi que les autres membres des '5 E.A.U.', cessent immédiatement.

Alkarama rappelle qu'elle a récemment exprimé son inquiétude face au nombre croissant de violations des libertés d'expression et d'opinion dans le pays. Elle considère que le harcèlement que subissent actuellement Ahmed Mansour et d'autres défenseurs des droits de l'homme, est contraire aux normes internationales des droits humains, et continuera d'informer les Nations Unies à ce sujet.