Lorsque Badria Abu Meri a été arrêtée en mai 2010, les médias ont rapporté qu'elle avait été mise en détention pour sa sécurité. Plusieurs semaines avant son arrestation, la foule avait lynché un homme accusé de meurtre dans la ville natale de Badria et comme beaucoup croyaient qu'elle avait déclenché l'incident avec l'intention d'exécuter ce terrible homicide, il avait été dit qu'elle pourrait être la victime d'autres actes de vengeance personnelle. Cependant, il est maintenant évident qu'elle a simplement été arrêtée et détenue sans aucun fondement juridique.
Le 22 mai 2010, Badria Abu Meri a été convoquée au Palais de justice de Baabda, au sud-ouest de Beyrouth, pour répondre à des questions sur sa prétendue implication dans le meurtre. Elle déclare qu'elle a été battue et humiliée lors de cet interrogatoire. Elle a également été sujette à une méthode de torture, connue comme faruj ou chicken, qui oblige le ou la détenu(e) à se courber avec les poignets attachés à une barre placée derrière les genoux ou aux chevilles, et à laquelle, il ou elle est pendu(e) avant d'être brutalement battu(e). Elle porterait encore les traces de ces tortures.
Le jour suivant son arrestation, Mme Abu Meri a rapporté au procureur général avoir été torturée, mais, à la connaissance d'Alkarama, aucune mesure n'aurait été prise par les autorités libanaises pour enquêter sur ces allégations. Elle a ensuite été emmenée à la prison pour femmes de Baabda à côté du Palais de justice, une prison construite pour accueillir 36 délinquantes. À cause de la surpopulation carcérale - la prison compte à présent près de cent détenues, beaucoup d'entre elles doivent dormir par terre et sont détenues dans des conditions misérables. Beaucoup d'entre elles sont emprisonnées depuis des années en-dehors de toute procédure légale.
Badria est de celles qui sont toujours en attente de leur procès. Elle ne connaît toujours pas ses chefs d'inculpation. Ce n'est que récemment qu'un avocat a accepté de la défendre. Aussi, aucun des interrogatoires auxquels elle a été soumise n'a été réalisé en présence d'un avocat. En février 2012, elle a à nouveau déclaré à un juge d'instruction avoir été victime de tortures. Mais Alkarama n'a pas connaissance d'enquêtes ouvertes à ce sujet.
Pour toutes ces raisons, Alkarama considère la détention de Badria Abu Meri illégale. Elle constitue une violation de la législation nationale et des standards internationaux relatifs à un procès équitable. Nous appellons les autorités libanaises à juger Mme Abu Meri lors d'un procès équitable ou à la libérer immédiatement. Nous avons soumis son cas aujourd'hui au Groupe de travail sur la détention arbitraire de l'ONU et autres mécanismes onusiens des droits de l'homme.