Le 12 mai 2012, Shadi Al Mawlawi, un ressortissant libanais connu pour soutenir l'opposition syrienne et les réfugiés syriens au Liban, a été arrêté à Tripoli. Le commerçant en mobilier de bureau, âgé de 25 ans, est maintenant confronté à un procès militaire, reposant sur des accusations de terrorisme. Compte tenu des motifs apparemment politiques qui se cachent derrière cette persécution, Alkarama demande aux autorités libanaises de respecter le droit de M. Al Mawlawi à un procès équitable.
Le 12 mai 2012, M. Al Mawlawi s'est rendu au Centre des Services Sociaux de la Fondation Safadi, sur la Place Abdul Hamid Karamé à Tripoli, alors qu'il devait aller chercher des médicaments pour sa fille. À son arrivée au centre, il a été arrêté par des agents en civil de la Sûreté Générale, comme en témoigne cet enregistrement vidéo, filmé à l'entrée du centre.
M. Al Mawlawi est l'homme vêtu d'un T-shirt bleu foncé, blanc et vert, escorté hors du bâtiment entre 12:58:48 et 12:58:56.
En réaction à l'arrestation de M. Al Mawlawi, des personnes réclamant sa libération, sont descendues dans les rues de Tripoli et des combats ont éclaté entre différents quartiers. Au cours des jours suivants, ces affrontements ont fait au moins 11 morts et plus de 70 blessés. Il est à craindre que ces combats ne se propagent à travers le pays. D'ailleurs, l'assassinat d'un religieux sunnite et d'une personne de son entourage, le dimanche 20 mai 2012, a conduit à des affrontements armés à Beyrouth, en début de semaine.
M. Al Mawlawi a été amené une première fois devant le juge militaire Sakr Sakr, à la Cour Militaire de Beyrouth, le 13 mai 2012. Lors de cette comparution, M. Al Mawlawi et cinq autres sympathisants présumés du mouvement d'opposition syrienne ont été accusés «d'appartenir à un groupe terroriste» et de commettre des actes en violation avec les articles 314 et 335 du Code Pénal libanais, ainsi que des articles 5 et 6 de la Loi Anti-Terroriste libanaise, faisant tous référence à des activités terroristes ou d'appartenance à une organisation illégale.
Le lendemain, le 14 mai 2012, M. Al Mawlawi a été interrogé par le Juge d'Instruction Militaire Nabil Wahbi. A la demande du Ministère de l'Intérieur et de l'avocat de M. Al Mawlawi, M. Mohamed Hafizeh, cet interrogatoire s'est à nouveau déroulé le 17 mai 2012, étant donné que M. Al Mawlawi s'était vu refuser l'assistance de son avocat, lors de la première audience. Le jour suivant, c'est-à-dire vendredi, le Juge Militaire Sakr Sakr a refusé une demande de libération sous caution et de nouvelles manifestations ont eu lieu à Tripoli, mais cette fois de manière pacifique. Le mardi 22 mai 2012, la demande de libération sous caution a été acceptée, mais le procès de M. Al Mawlawi est toujours en suspens.
L'arrestation de M. Al Mawlawi semble être liée à son soutien en faveur du mouvement d'opposition syrienne. Le fait qu'il soit accusé d'activités terroristes et que cette affaire, même s'il s'agit ici d'un civil, soit examinée par la juridiction de l'armée libanaise, sont la preuve des motifs politiques implicites de sa persécution.
Alkarama prie les autorités libanaises de s'assurer que le droit de M. Al Mawlawi à un procès équitable soit respecté. Cela inclut son droit, en tant que civil, d'être jugé devant un tribunal civil et non devant un Tribunal militaire. Dans ce contexte, nous avons informé le Groupe de Travail des Nations Unies sur la Détention Arbitraire, ainsi que d'autres mécanismes des droits de l'homme appropriés de l'ONU, de la situation de M. Al Mawlawi.