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Alkarama a adressé un appel urgent à la la Haut-commissaire des droits de l'homme, Mme Navanethem Pillay, lui demandant de faire saisir le Conseil de sécurité des Nations Unies afin qu’il requiert l’ouverture d’une enquête par la Cour pénale internationale sur les meurtres de civils commis au cours des événements actuels en Libye.

Notre organisation est particulièrement préoccupée par les déclarations de Seif el Islam Kaddafi, le fils du chef de l’État, qui a affirmé sur la chaîne publique de télévision dans la nuit du 20 au 21 février 2011 que si ses propositions de réforme n’étaient pas agréées par la population « nous ne pleurerons pas 84 morts mais des milliers et il y aura des rivières de sang dans toute la Libye ».

Ces menaces deviennent aujourd’hui une réalité car en ce moment même des témoins rapportent l’intervention de l’aviation militaire contre les manifestants faisant un nombre encore indéterminé de victimes civiles.

Alkarama a, dès le début des événements tragiques en Libye, saisi le Rapporteur spécial sur les exécutions sommaires et extrajudiciaires d’un appel urgent. La situation s’est cependant encore dégradée depuis et prend aujourd’hui des proportions extrêmement graves.

Selon nos sources au moins cinq cent manifestants ont été tués dans diverses villes du pays ces quatre derniers jours ; ce matin encore, des dizaines de civils sont tombés à Tripoli et à Gheriane sous les balles des membres des comités populaires armés et des forces de sécurité contrôlées par le colonel Kaddafi et ses proches.

Une manifestation importante est attendue cette soirée à Tripoli où affluent actuellement des dizaines de milliers de personnes en provenance des quartiers périphériques et des régions limitrophes de la capitale et il est fortement à craindre que les services de sécurité ne continuent à faire un usage excessif de la force contre la population civile.

Des témoignages d’officiers de l’armée de l’air font état d’instructions qui leurs ont été données par le haut commandement militaire de bombarder les populations civiles à Benghazi, instructions qu’ils ont refusé d’exécuter, raison pour laquelle ils se sont échappés avec leurs appareils militaires à Malte où ils ont atterri aujourd'hui en fin d’après-midi.

Nous sommes également vivement préoccupés par le rôle direct d'autres membres de la famille du chef de l’État dans la répression des manifestants. Saadi Kaddafi, l’autre fils du chef de l’État a en effet personnellement dirigé au cours de ces derniers jours un bataillon militaire dans les villes d’Al Beida et de Benghazi à l’est du pays. Au cours de cette opération militaire contre la population civile plusieurs centaines de personnes ont été tuées ou blessés.

Il ne fait pas de doute que l’implication directe du chef de l’État et de membres de sa famille dans les meurtres de civils « dans le cadre d’une attaque généralisée et systématique lancée contre la population et en connaissance de cette attaque », constitue un crime contre l’humanité au sens de l’article 5 du Statut de Rome.