M. Abdenacer Al Rabassi, arrêté le 03 janvier 2003 à son domicile par des agents de la sécurité intérieure, avait été condamné à une peine de quinze années de réclusion criminelle par une juridiction d'exception pour avoir envoyé un email critique à l'égard du Président au journal Arb Times. Il a été libéré le 8 mars 2010 et a regagné son domicile à Beni Walid.
Pour rappel:
Abdenacer Younes Meftah Al Rabassi, né en 1965, diplômé en sciences sociales était employé à la Caisse de sécurité sociale de Beni Walid jusqu'à la date de son enlèvement le 03 janvier 2003 par des agents des services de la sécurité intérieure sans qu'un motif ni mandat de justice ne lui ait été présentés.
Il a été conduit au poste de la sécurité intérieure de Beni Walid avant d'être transféré à Tripoli le 05 janvier 2003. Il a subi des tortures d'une grande cruauté durant plus d'un mois dans un centre de détention secret relevant de l'agence intérieure de la sécurité (Al Amn ad-dakhili) avant de connaître les motifs réels de son arrestation.
Il lui a été reproché d'avoir "envoyé un courriel au journal Arab Times le 08 juin 2002 à 08h 35 :54 dans lequel il exprimait une position critique à l'égard du chef de l'Etat libyen, le colonel Moamar Al Kadhafi, à partir de son adresse virtuelle, électronique personnelle." Il a été inculpé pour cette raison d'avoir "porté atteinte au prestige du guide de la révolution" faits prévus et punis par l'article 164 du code pénal libyen.
Déféré devant le tribunal du peuple, le 26 juin 2003, il a été condamné, à la suite d'un procès inéquitable, à une peine de 15 années de réclusion criminelle et emprisonné à la prison d’Abou Salim de Tripoli.
Durant toute la période qui a précédé sa comparution devant une juridiction de jugement il n'a eu accès ni à un avocat ni n'a reçu de visites familiales. Saisi par Alkarama, le Groupe de travail sur les détentions arbitraires avait émis un avis le 30 août 2005 dans lequel il considérait la privation de liberté de M. Al Rabassi comme arbitraire. Le 17 décembre 2008, Alkarama a aussi soumis une communication individuelle au Comité des droits de l'homme des Nations Unies le concernant.
Plusieurs personnes ayant été condamnées à de très lourdes peines et détenues pendant de longues années au secret ont été libérées ces deux dernières années. M. Wanis Charef El Abani, juge au tribunal de première instance de Benghazi, qui avait été arrêté en 1990 avait disparu pendant des années. Condamné à 13 ans de prison lors d'un procès inique, il n'a pas été libéré au mois d'avril 2003 comme prévu. Il a même totalement disparu à nouveau à partir de 2007 les autorités refusant alors d’admettre sa détention. Alkarama avait alors soumis le 15 octobre 2007 une communication au Comité des droits de l'homme le concernant. Il a enfin été libéré le 9 avril 2008 après 18 ans de détention arbitraire.
Rappelons aussi le cas du Dr. Mohamed Hassan Aboussedra, arrêté en 1989, détenu arbitrairement, et victime à deux reprises de disparition forcée. Ce n'est qu'en 2004 qu'il avait été traduit pour la première fois en justice et condamné par le tribunal populaire de Tripoli à la réclusion à perpétuité à la suite d'un procès inéquitable. Il a été libéré le 7 juin 2009. Il lui est toutefois interdit de quitter Tripoli. Alkarama avait également saisi au mois d'octobre 2007 le Comité des droits de l'homme des Nations unies d'une plainte contre le gouvernement libyen.