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Al Karama for Human Rights, 18 avril 2008

Al Karama a été informée de l'arrestation le 13 avril 2008 à Marrakech de M. Asfari, défenseur des droits humains sahraoui, par des policiers en civil.

M. Ennaama ASFARI, 38 ans, défenseur sahraoui des droits humains et co-président du CORELSO (Comité pour le respect des libertés et des droits humains au Sahara occidental) vit en France. Il s'était rendu au Maroc le 25 janvier 2008 pour des raisons familiales.

Le groupe de cinq agents de police en civil qui a arrêté M. Asfari le 13 avril à 21h30 se déplaçait dans une voiture de type Renault Clio de couleur grise qui le suivait depuis la veille. Lui-même se trouvait dans sa voiture au moment de l'interpellation. Il a été battu avant d'être jeté dans le véhicule des policiers. Ils lui ont bandé les yeux et l'ont conduit vers une destination inconnue.

Plus tard, M. Asfari s'est retrouvé dans un lieu qu'il ne connaît pas, les yeux toujours bandés, menotté, dévêtu, attaché à un arbre. Il a été battu une nouvelle fois et de manière si brutale qu'il a perdu conscience et a du être transporté vers un hôpital.

Le14 avril 2008, tôt le matin, M. Asfari a été conduit au poste de police qui se trouve à la place de Jamaa Elafna et a subi un interrogatoire portant sur ses relations avec les étudiants sahraouis et ses activités. Il a été détenu dans ce poste jusqu'à sa présentation devant le Procureur général de Marrakech le 15 avril 2008 à 10h. Ce dernier a décidé de le faire comparaître devant la cour le même jour. Les raisons de l'arrestations ne lui avaient toujours pas été notifiées.

Vers 17 h, M. Asfari a été présenté devant le tribunal qui a décidé de reporter l'audience au 17 avril 2008, afin de lui permettre de constituer un avocat. L'audience du 17 a elle aussi été reportée au 21 avril 2008.

M. Asfari est incarcéré à la prison Boulemharez à Marrakech depuis mardi 15 avril 2008. Sa famille n'a pas été informée de cette arrestation et n'a pas eu connaissance de son lieu de détention. Il a été localisé après trois jours de disparition. Il avait demandé l'autorisation de contacter sa femme, ce qui lui a été refusé. C'est grâce au téléphone portable d'un co-détenu qu'il a pu prévenir celle-ci de l'endroit où il se trouve. Il a rapporté qu'il est détenu dans une pièce de 30 m2 avec 50 autres personnes. Il aurait été battu pendant deux jours, et ses blessures au visage et à l'un de ses pieds n'ont toujours pas été soignées.

Depuis son arrivée au Maroc, il était surveillé. Malgré le fait de n'avoir prévenu personne de son voyage au Maroc, il a été arrêté dés sa descente d'avion. Ceux qui l'ont interrogé étaient informés de certaines de ses activités en France qui n'étaient pas du domaine public. Il est donc fort probable qu'il y ait eu coopération et échange d'informations entre les services marocains et français à son sujet.

En février, un représentant de la sûreté marocaine au Sahara Occidental avait contacté M. Asfari pour le prévenir que s'il se rendait à El Ayun ou à Smara, il risquerait 3 à 4 ans en prison. Quelques semaines plus tard, il s'est rendu à Rabat pour assister au procès d'un étudiant sahraoui, Said Bellal, qui a été condamné à quatre mois de prison. La police l'attendait à la gare de Rabat et l'a embarqué dans une voiture où il a été longuement interrogé. La police lui a interdit de se rendre au procès. M. Asfari a demandé de pouvoir aller chez ses cousins, ce qui lui a été interdit. Par contre, il a été escorté par des policiers jusqu'à Marrakech.

M. Asfari avait déjà été arrêté à Smara, le 05 janvier 2007 et détenu dans la prison locale avant d'être libéré sous caution le 11 janvier 2007. Traduit en justice le 15 janvier 2007, il a été condamné à deux mois de prison avec sursis. Cette sentence a été confirmée en appel le 21 mai 2007.

Le Maroc s'est engagé officiellement au cours de l'examen périodique universel qui s'est déroulé le 8 avril 2008 à collaborer avec les procédures spéciales des Nations Unies.

L'arrestation de M. Asfari est certainement liée à ses activités de défenseur des droits de l'homme et nous rappelons que la résolution de l'assemblée générale des Nations Unies 53/144 du 9 décembre 1998 accorde une protection particulière aux défenseurs des droits de l'homme.