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M. Azdine Braik a été enlevé le 30 octobre 2010 dans la rue à Fès, MM. Abdellatif Kouibaat et Badr Kounine ont, quant à eux, été kidnappés le 27 octobre 2010 dans un lieu public à Casablanca. Tous trois ont été emmenés par des agents en civil vers une destination inconnue et ont disparu depuis. Leurs familles craignent qu'ils ne soient torturés.

Alkarama a adressé un appel urgent au Groupe de travail sur les disparitions forcées et involontaires le 17 novembre 2010, le priant d'intervenir auprès des autorités marocaines afin que les trois hommes soient libérés immédiatement ou placés sous la protection de la loi.

1. Azdine BRAIK, âgé de 22 ans, marié et père de deux enfants, commerçant et résidant au Douar Awlad Al-Hawary à Fès, a été enlevé le 30 octobre 2010 à 18 heures par quatre agents en civil alors qu’il se trouvait en compagnie de son épouse dans la rue Aïn Smen à Fès. Ces agents l’ont forcé à monter dans leur véhicule et l’ont emmené vers une destination inconnue.
Son épouse, témoin cet événement, s’est immédiatement rendue, d’abord au poste de police du quartier, puis au Commissariat central de Fès pour connaître les raisons de son arrestation et le sort qui allait lui être réservé. Les policiers lui ont répondu qu’ils n'avaient aucune information le concernant.

Sa famille a alors déposé une plainte pour enlèvement au parquet de Fès et en a informé également par courrier le ministre de la justice ; elle n’a obtenu aucune réaction à ce jour.

Sa famille craint que son enlèvement ait un lien avec la situation de deux de ses frères (MM. Abdelali et Mohamed Braik) arrêtés et condamnés dans le cadre de la campagne de répression à la suite des attentats de Casablanca du 16 mai 2003.

2. M. Abdellatif KOUIBAAT, âgé de 26 ans, père d’une fillette de deux ans et demi et résidant à Casablanca a été enlevé le 27 octobre 2010 entre 17 heures 30 et 18 heures devant le cimetière de Sidi Moumen, près de son lieu de résidence par trois agents en civil selon les témoignages de personnes présentes sur les lieux, et il a été emmené vers une destination inconnue.

Sa famille craint que son enlèvement n'ait un lien avec la situation de son frère, M. Redouane Kouibaat, arrêté et condamné dans le cadre de la campagne de répression à la suite des attentats de Casablanca du 16 mai 2003.

3. M. Badr KOUNINE, âgé de 21 ans, résidant à Casablanca, a été enlevé le 27 octobre 2010 entre 17 heures 30 et 18 heures devant le cimetière de Sidi Moumen, alors qu'il était en compagnie avec M. Abdellatif KOUIBAAT, par trois autres agents en civil selon les témoignages des voisins. Il a lui aussi été emmené vers une destination inconnue.

Les familles KOUIBAAT et KOUNINE se sont immédiatement rendues au poste de police du quartier pour connaître les raisons de l'arrestation de leurs fils et se sont vues répondre qu’il n’y avait aucune information disponible les concernant.

Le délai légal maximum de garde à vue est largement dépassé dans les trois cas et les autorités refusent à ce jour d’informer la famille sur la situation des victimes ou même de reconnaître leur détention.

Nous rappelons que dans le cadre de sa visite au Maroc qui s’est déroulée entre le 22 et 25 juin 2009, le Groupe de travail sur les disparitions forcées ou involontaires a souligné dans son rapport de mission (A/HRC/13/31/Add.1) en date du 9 février 2010 qu’il avait reçu des allégations selon lesquelles des arrestations, des enlèvements ou des détentions provisoires de longue durée principalement dans le cadre de la lutte contre le terrorisme, avaient eu lieu sans que les victimes n’aient eu accès à un avocat ni que leurs familles ne soient informées.

Ces périodes durant lesquelles les victimes sont placées hors de la protection de la loi par des agents gouvernementaux qui refusent de donner des informations sur sa situation et sur l’endroit où elle se trouve, peuvent être considérées comme des disparitions forcées. La situation de MM. Azdine BRAIK, Abdellatif KOUIBAAT et Badr KOUNINE s’inscrit manifestement dans ce cadre.