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Le journaliste égyptien, Hany Khater, menacé d'extradition vers son pays d'origine, a annoncé son intention d'entamer une grève de la faim, à compter du mercredi 14 Mars, pour protester contre son récent transfèrement vers un établissement de haute sécurité. Il craint en particulier que cette mesure n'aggrave davantage son état de santé, déjà éprouvé par deux ans de détention.

Hany Khater, co-fondateur d’un syndicat indépendant de journalistes non reconnu par les autorités égyptiennes, exerçait ses activités de journaliste entre l'Egypte et le Maroc où il avait créé en 2010 une société de media et un journal, Les Nouvelles du Maghreb. En février 2016, alors qu’il se trouvait à Casablanca, il a été interpellé par des agents de police sur la base d’un mandat d’arrêt international émis par l’Egypte le 12 février 2016.

Cela fait maintenant deux ans qu'Hany Khater est placé sous écrou extraditionnel. Il est actuellement détenu dans le quartier de haute sécurité de la prison de Tiflet II, normalement réservé aux prisonniers purgeant de lourdes peines. Depuis début novembre 2017 il a demandé à plusieurs reprises à consulter un médecin sans réponse des autorités pénitentiaires. Ce n'est que le 28 février 2018 qu'il a finalement été transporté à l'infirmerie suite à une dégradation de son état de santé. Le médecin a alors prescrit des analyses et des examens radiologiques urgents qui, à ce jour, n'ont pas été pratiqués.

"Nous estimons en l'espèce que l’aggravation de l'état de santé de Hany Khater est directement imputable à l'inertie dont font preuve les autorités pénitentiaires," estime Rachid Mesli, Directeur juridique à Alkarama. "Le refus de ces dernières d'assurer une prise en charge médicale adéquate constitue per se un traitement cruel, inhumain et dégradant, contrevenant à l'article 16 de la Convention contre la torture ratifiée par le Maroc."

Pour rappel, Alkarama avait adressé un appel urgent au Comité contre la torture (CAT) des Nations Unies le 14 novembre 2016 pour demander que des mesures soient prises d’urgence afin d’annuler la procédure d’extradition du Maroc vers l’Egypte, pays où il y a des motifs sérieux de croire qu'il risque d'être soumis à la torture.

L’ONU dénonce en effet régulièrement le recours généralisé à la détention arbitraire et à la torture ainsi que les violations systématiques du droit à un procès équitable en Egypte. Les journalistes, activistes, syndicalistes et défenseurs des droits de l’homme, cibles des autorités, sont fréquemment condamnés sur la seule base d’aveux obtenus sous la torture à l’issue de procès inéquitables. Il ne fait aucun doute qu'Hany Khater, en tant que syndicaliste et journaliste critique des autorités, subisse le même traitement s’il venait à être remis aux autorités égyptiennes.

Le Maroc bafouerait ainsi ses obligations de ne pas transférer des personnes dépendant de sa juridiction vers un lieu où elles risqueraient d'être victimes de torture et d'autres mauvais traitements.

Dans l'attente d'une décision du comité onusien quant à la légalité de la procédure d'extradition, Alkarama appelle le royaume du Maroc à libérer Hany Khater et, en tout état de cause de lui garantir des conditions de détention appropriées et des soins médicaux adaptés à son état de santé actuel.

Pour plus d’informations ou une interview, veuillez contacter media@alkarama.org (Dir: +41 22 734 10 08).