MM. Rachid Tayane, Ahmed Daftare et Said Azzame ont tous les trois été arrêtés à Mohammedia (situé à 20km de Casablanca) entre le 31 octobre et 1er novembre 2010 par des agents des services de sécurité en civil sans mandats d'arrêt. Emmenés vers un endroit inconnu, leurs familles ne savent pas où ils sont détenus et quel sort leur est réservé.
Alkarama a adressé des appels urgents au Groupe de travail sur les disparitions forcées ou involontaires le 14 décembre 2010 pour M. Rachid Tayane et le 16 décembre 2010 pour MM Ahmed Daftare et Said Azzame, dans le but d'obtenir des informations sur eux ainsi que leur libération ou leur présentation devant la justice.
M. Rachid TAYANE ( رشيد طيان) âgé de 31 ans, technicien, résidant à Mohammedia, ville située à une vingtaine de kilomètres de Casablanca, a été enlevé le 31 octobre 2010 à 18 heures 30 par deux agents des services de sécurité en civil au domicile de ses parents.
M. Ahmed DAFTARE (أحماد دفتر), âgé de 29 ans, marié, père d’une fillette âgée de 18 mois, commerçant et résidant à Mohammedia (Al-Alia), a été enlevé le 31 octobre 2010 à 18 heures 00 sur la voie publique au niveau de Hay A-Nasr en présence de nombreux témoins dont des voisins qui ont informé sa famille de son arrestation.
- M. Said AZZAME (سعيد عزام), âgé de 29 ans, marié, père d’une fillette âgée de 13 mois, commerçant et résidant à Mohammedia (Al-Alia), a été enlevé pour sa part le lendemain 1er novembre 2010 à 11 heures le matin sur son lieu de travail situé Hay A-Nasr à Mohammedia par plusieurs agents des services de sécurité en civil en présence de nombreux témoins dont des membres de sa famille.
Les trois arrestations, comme celles qui les ont précédées au cours de la même période dans la région de Casablanca, semble s’inscrire dans le cadre d’une vaste campagne de répression.
Elles ont eu lieu selon le même mode opératoire puisque les agents des services de sécurité se sont présentés comme tels sans pour autant présenter aux victimes un mandat de justice les habilitant à procéder à leur arrestation. Les victimes ont aussitôt été emmenées à bord d’un véhicule vers une destination qui demeure inconnue à ce jour.
Les familles ont immédiatement cherché à connaître les motifs de leur arrestation et surtout le sort qui allait leur être réservé en effectuant notamment des recherches auprès des différents postes de police à Mohammedia.
Force est de constater que le délai légal maximum de garde à vue de 12 jours est largement dépassé et que les autorités refusent délibérément à ce jour d’informer les familles sur la situation de leurs parents ou même de reconnaître leur détention. Il est à craindre qu'ils ne subissent des tortures durant cette détention au secret.
Dans le cadre de sa visite au Maroc qui s’est déroulée entre le 22 et 25 juin 2009, le Groupe de travail sur les disparitions forcées ou involontaires a eu l’occasion de souligner dans son rapport de mission (A/HRC/13/31/Add.1) en date du 9 février 2010 qu’il avait reçu des allégations selon lesquelles des arrestations, des enlèvements ou des détentions provisoires de longue durée principalement dans le cadre de la lutte contre le terrorisme, avaient eu lieu sans que les victimes n’aient eu accès à un avocat ni que leurs familles ne soient informées.
La situation de MM. Rachid Tayane, Ahmed Daftare et Said Azzame s'inscrit dans ce cadre et peut être considérée comme une disparition forcée.
Les ONG de défense des droits de l’homme locales ont également exprimé leur inquiétude à la suite de cette vague de disparitions forcées de plusieurs dizaines de personnes à partir du mois de septembre 2010. Le sort de nombreuses personnes enlevées depuis cette date reste inconnu à ce jour, et ce en dépit des plaintes officielles et démarches des familles des victimes.