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Biram Ould Dah Abeid et Brahim Ould Bilal Ramdane

Alkarama se félicite de la libération, le 19 mai 2016, de MM. Biram Ould Dah Abeid, Président et fondateur de l'ONG « Initiative pour la résurgence du mouvement abolitionniste » (IRA) et Brahim Ould Bilal Ramdane, vice-président de l'IRA. Cette libération fait suite à l'annulation par la Cour suprême de l'arrêt de la Cour d'appel d'Aleg du 26 août 2015 confirmant la peine de deux ans de prison à l'encontre de MM. Biram Ould Dah Abeid pour « appartenance à une organisation non reconnue » et « rassemblement non autorisé ».

La Cour suprême avait décidé que les faits qui étaient reprochés aux deux militants n'auraient pas du être sanctionnés de plus d'un an d'emprisonnement, or la période d'un an ayant été dépassée, la Cour a estimé qu'ils devaient être remis en liberté.

« C'est une victoire certes mais une victoire en demi-teinte car les deux activistes n'auraient jamais dû être condamnés et les actes pour lesquels ils étaient poursuivis n'auraient pas dû être considérés comme des infractions pénales» a déclaré Radidja Nemar, responsable juridique pour l'Afrique du nord à Alkarama ; « le fait de se réunir pacifiquement et de s'organiser en association pour demander le respect des droits de ses concitoyens sont des libertés fondamentales qui devraient être garanties et protégées par les autorités et non pas bafouées »

Pour rappel, M. Biram Ould Dah Abeid avait été arrêté le 11 novembre 2014 alors qu'il prenait part à une manifestation pacifique dans le cadre de l'initiative « la caravane pour l'abolition de l'esclavage » qui sillonnait alors le pays pour sensibiliser la population sur la question de l'esclavage. Pour ces faits, il fut accusé de « participation à une manifestation interdite », de « trouble à l'ordre public » et de « résistance aux forces de police » puis détenu à la prison de Rosso au sud du pays. Déféré devant le tribunal de Rosso le 15 janvier 2015, il avait été condamné à deux ans de prison ferme.

Préoccupée par cette répression visant des militants des droits de l'homme, Alkarama avait adressé un appel urgent au Rapporteur spécial des Nations Unies sur la situation des défenseurs des droits de l'homme le 1er décembre 2014 pour l'informer des persécutions judiciaires à l'encontre de M. Biram Dah. Alkarama avait alors dénoncé le caractère arbitraire de son arrestation qui n'avait pour but que d'entraver ses activités de défenseur des droits de l'homme, ainsi que son droit de réunion pacifique, garanti par la Constitution mauritanienne et l'article 21 Pacte international relatif aux droits civils et politiques (PIDCP) ratifié par le pays en 2004.

Bien que l'esclavage ait été officiellement aboli en 1981 et criminalisé depuis 2007, cette pratique persistante reste une problématique majeure en Mauritanie. Après des années d'inertie, une loi promulguée en 2015 avait qualifié l'esclavage de « crime contre la l'humanité » et instauré trois juridictions spécialisées en matière de lutte contre l'esclavage. L'une d'elles a d'ailleurs récemment condamné deux accusés pour pratiques esclavagistes à cinq années de prison. Une première dans le pays. Alkarama espère que la libération de MM. Biram Ould Dah Abeid et Brahim Ould Bilal Ramdane contribuera à faire avancer la cause anti-esclavagiste en Mauritanie.

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