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Violente répression d'une manifestation à Nouakchott Onglets principaux

Le 29 janvier 2015, Alkarama a informé le Rapporteur spécial sur le droit de réunion pacifique et d'association, M. Maina Kiai, de la violente répression de la manifestation pacifique – organisée suite à la condamnation du défenseur des droits de l'homme, Biram Dah, à Nouakchott le 19 janvier 2015 – où les forces de police ont fait un usage excessif de la force contre les manifestants.

Pour rappel, le 1er décembre 2014, Alkarama avait adressé un appel urgent au Rapporteur spécial sur la situation des défenseurs des droits de l'homme, M. Michel Forst, suite à l'arrestation de Biram Dah, président et fondateur de l'ONG Initiative pour la résurgence du mouvement abolitionniste (IRA), une organisation de lutte contre l'esclavage fondée en 2008.

Victime à plusieurs reprises de harcèlements, d'intimidations et de violences, Biram Dah avait déjà fait l'objet d'acharnement judiciaire par le passé de la part des autorités mauritaniennes.

Le 11 novembre, alors qu'il prenait part à la « caravane pour l'abolition de l'esclavage », qui sillonnait le pays afin de sensibiliser la population sur la question de l'esclavage, Biram Dah ainsi que d'autres militants ont été arrêtés sans mandat de justice par les services de sécurité.

Déféré devant le parquet, il a été inculpé de « participation à une manifestation interdite », « trouble à l'ordre public » et « résistance aux forces de police » et placé en détention à la prison de Rosso dans l'attente de son procès.

Présenté devant le tribunal de Rosso le 15 janvier 2015, le défenseur des droits de l'homme et deux autres membres de son association ont été condamnés à deux ans de prison ferme, peine maximale prévue par la loi. Il est actuellement détenu dans des conditions particulièrement difficiles à la prison d'Aleg où il a été transféré.

Suite à l'annonce de la condamnation des militants de l'IRA, de vives contestations ont éclaté et le 19 janvier suivant, une marche de protestation pacifique a été organisée par les membres du MANIFESTE Pour les droits politiques, économiques et sociaux des Haratines (anciens esclaves) et de l'IRA, dans le but d'exiger la libération des défenseurs des droits de l'homme.

Plusieurs personnalités, tels que Boubabacar Ould Messaoud, président de SOS Esclaves, blessé durant les évènements, Mohamed Saïd Ould Hamody, président du MANIFESTE et Bilal Ould Werzeg, ancien ambassadeur de l'état mauritanien, avaient pris part à ce rassemblement violemment réprimé par la police qui a fait usage de grenades lacrymogènes et procédé à de nombreuses interpellations.

Alkarama appelle les autorités mauritaniennes à mettre un terme à sa campagne de harcèlement et de répression des défenseurs des droits de l'homme, et en particulier les militants antiesclavagistes, en leur rappelant leurs obligations internationales résultant de la ratification du Pacte international relatif aux droits civils et politiques en novembre 2014 et de la nécessité de respecter l'ensemble des droits que ce Pacte protège, y compris la liberté d'expression et de réunion pacifique.

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