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2004 : Création d'Alkarama

Alkarama a été créée en tant qu'association suisse en juillet 2004 par des défenseurs des droits de l'homme du Qatar et de l'Algérie, Aderrahman Al Naimy, Rachid Mesli et Abbas Aroua – afin de contribuer à un monde arabe où tous les individus vivent libres, dans la dignité, et protégés par l'État de droit . Avec cet objectif en tête, les fondateurs ont décidé de lutter contre les violations les plus graves de la dignité humaine, de l'intégrité physique et de la liberté, c'est-à-dire, les exécutions extrajudiciaires, les disparitions forcées, la torture et la détention arbitraire, avec l'espoir que les personnes qui ne craignent plus d'être soumis à ces violations peuvent parler et agir librement pour demander leurs droits et assurer la primauté du droit dans leur pays.

Au moment de la création d'Alkarama, les mécanismes mis en place par l'Organisation des Nations Unies (ONU) afin de protéger les droits de l'homme dans le monde entier répondaient rarement aux violations commises dans la région arabe. Après avoir identifié cette lacune, Alkarama a décidé que, pour apporter un terme ces violations, Alkarama agirait spécifiquement à travers les mécanismes spécifiques de l'ONU chargés de mettre fin à ces violations des droits de l'homme. Ce faisant, Alkarama remplirait aussi son objectif de contribuer à une meilleure compréhension des droits de l'homme par la société civile arabe et de sensibiliser le Monde arabe aux mécanismes de protection des droits de l'homme de l'ONU, y compris parmi les groupes sociaux qui, ont souvent considéré ces instruments comme inefficaces ou conçoivent les droits de l'homme comme des « concepts occidentaux », en particulier les groupes islamistes, les partis d'opposition et les journalistes.

En agissant comme un pont entre les victimes dans le monde arabe et les experts onusiens des procédures spéciales, tout en renforçant la capacité des militants locaux à accéder directement aux mécanismes de l'ONU et à exploiter les décisions qu'ils adoptent pour demander le respect des droits de l'homme dans leur pays, Alkarama s'est donné les moyens d'atteindre simultanément ses deux objectifs principaux. Cela implique de parler directement et régulièrement avec les victimes et leurs familles, les avocats ou les militants locaux, afin de documenter des cas individuels de violations des droits de l'homme ; et de soumettre ces cas aux mécanismes de l'ONU pour qu'ils demandent aux autorités gouvernementales concernées de remédier à la situation.

Entre 2004 et 2007, Rachid Mesli, à cette époque le seul employé d'Alkarama à Genève, a présenté presque 400 cas individuels auprès des procédures spéciales de l'ONU, ce qui a conduit à l'action de ces mécanismes auprès d'un certain nombre de pays arabes, et à une amélioration notable de la situation pour nombreuses victimes. En 2005, suite à ses succès et à ses besoins grandissants, Alkarama a commencé à recruter des Représentants-Pays au Liban et au Yémen afin de suivre la situation des droits de l'homme dans ces pays et de documenter d'autres cas de violations à soumettre à l'ONU. Le site internet d'Alkarama a été lancé la même année.

2007 : Fondation Alkarama

En avril 2007, face à une charge de travail toujours croissante, et afin d'entreprendre les changements nécessaires de capital et de ressources humaines, Alkarama s'est enregistrée en tant que Fondation de droit suisse, en se soumettant ainsi au contrôle de l'autorité helvétique de Surveillance fédérale des fondations. Ce changement de statut visait à assurer une plus grande stabilité et transparence, en permettant aux autorités suisses d'examiner les dossiers financiers de l'organisation sur une base annuelle.

2007: Travailler avec les organes de traités de l'ONU

En 2007, Alkarama a commencé à travailler avec les organes de suivi de traités de l'ONU – en particulier avec le Comité contre la torture (CAT), le Comité des droits de l'homme (CCPR) et l'Examen périodique universel (EPU) mis en place par le nouvellement créé Conseil des droits de l'homme (CDH) – en présentant des informations alternatives concernant la mise en œuvre par les états arabes des traités pertinents à chaque étape de leur processus d'examen. Dans ce cadre, Alkarama fournit aux experts du CAT/CCPR, et aux membres du CDH l'accès aux informations des acteurs de la société civile ainsi que des cas concrets de violations de nombreux articles de la Déclaration universelle des droits de l'homme, la Convention contre la torture et le Pacte international relatif aux droits civils et politiques (PIDCP).

2009 : Travailler pour renforcer les institutions nationales des droits de l'homme

En 2009, face au rôle de plus en plus négatif joué par les Institutions nationales des droits de l'homme (INDH), Alkarama commence à fournir une information indépendante, provenant des acteurs locaux et de la société civile au sujet de ces institutions au Comité international de coordination des INDH (ICC-INDH), qui examine régulièrement l'état de ces institutions, ce qui entraîne un certain nombre de réformes au sein de ces institutions.

2009 : Lancement du Prix Alkarama pour les défenseurs des droits de l'homme

Toujours en 2009, Alkarama a lancé le Prix Alkarama pour les défenseurs des droits de l'homme, une récompense symbolique attribuée chaque année à une personne ou à une organisation qui a contribué de manière significative à la promotion et la protection des droits de l'homme dans le monde arabe. Grâce à ce prix, Alkarama a pu réaliser deux objectifs : attirer l'attention sur le travail des défenseurs de droits de l'homme dans le monde arabe, tout en fournissant à l'ONU, aux organisations non-gouvernementales, aux médias, et au public la possibilité de connaitre les héros individuels qui luttent pour la promotion et la protection des droits de l'homme dans la région arabe.

2011, Pendant le « printemps arabe » et après : agir comme un relais majeur d'information

Lorsque les événements de 2011 ont débuté dans le monde arabe, Alkarama s'est engagée aux côtés de ceux appelant au respect de leurs droits, et est devenue un majeur relais d'information sur les soulèvements en Égypte, en Libye, au Yémen, puis en Syrie pour les mécanismes de l'ONU et les médias. Avec les Représentants-pays présents en Égypte, au Liban et au Yémen, ainsi que de nombreuses visites en Libye, Alkarama a pu suivre de près les violations, les rapportant en temps réel tout en sensibilisant les nouveaux groupes montant au pouvoir de leur obligation à respecter les droits de l'homme.

2012-2013 : Les représailles contre Alkarama

L'action d'Alkarama, de documenter et de dénoncer les violations, a fait s'indigner de nombreux États dans la région, ou y ayant des intérêts, ce qui a conduit à des représailles contre notre organisation (campagnes de diffamation, procès et arrestations de nos membres, accusations de soutien à Israël, au Qatar, de protection des terroristes ou de soutien à des groupes politiques et d'autres accusations contradictoires). Certaines des campagnes de diffamation ont également ciblé certains des membres fondateurs ou le personnel d'Alkarama, dans leur propre capacité, et pas nécessairement en raison de leur relation avec Alkarama.

Nous réfutons clairement et irrévocablement toutes ces accusations : la Fondation Alkarama ne pourrait que travailler dans un esprit de transparence totale. Vous pouvez trouver les détails de nos cas ci-dessous.

2012: Arrestation et détention de Mourad Dhina à Paris

En 2012, le Directeur exécutif d'Alkarama, Dr. Mourad Dhina, qui avait ouvertement appelé à un changement démocratique en Algérie pendant des années, fut arrêté en France et détenu pendant six mois sur demande d'extradition des autorités algériennes. La justice française l'a libéré lorsqu'elle reçut des documents fournis par les autorités algériennes qui étaient si incohérents et dépourvus de toute preuve que le procureur français les a qualifiés de « grotesques ».

Dr. Dhina est retourné à Alkarama après avoir passé presque six mois à la Prison de la Santé à Paris. L'épreuve a eu pour effet de servir à Alkarama en tant qu'organisation, et au Dr. Dhina en tant que personne.

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Beaucoup d'organisations de défense des droits de l'homme ont repris le cas de Mourad, qui a été couvert dans une grande variété de points de vue. Pour en savoir plus à ce sujet, veuillez cliquer sur les liens ci-dessous :

Organisations des droits de l'homme

Human Rights Watch (12.03.2012), "Letter to French Prime Minister Regarding the Extradition of Mourad Dhina"
Frontline Defenders (05.07.2012), "France/Algeria: Extradition of Human Rights Defender Mourad Dhina Rejected by French Judge"
Fair Trials, "Data Protection Day highlights plight of INTERPOL victims"

MEDIA

Français :
Le Figaro (France, 17.01.2012), "Un opposant algérien arrêté à Orly"
Le Figaro (France, 18.01.2012), "L'opposant algérien incarcéré"
Le Temps (Switzerland, 18.01.2012), "Un chef d'une ONG genevoise arrêté à Paris"
Liberté (Algeria, 18.01.2012), "Le leader du mouvement Rachad arrêté"
La Nation (Algeria, 19.01.2012), "Les dessous de l'arrestation de Mourad Dhina"
La Croix (France, 26.01.2012), "L'opposant qu'Alger réclame à Paris"
Libération (France, 24.02.2012), "L'extradition d'un opposant algérien entre les mains de la justice"
Tribune de Genève (Switzerland, 24.02.2012), "Un habitant de Genève risque l'extradition vers l'Algérie"
Mediapart (France, 21.03.2012), "La France va-t-elle extrader un opposant vers l'Algérie ? "
Politis.fr (France, 22.03.2012), "Un opposant victime de la « Françalgérie » ?"
France-Irak Actualité (23.03.2012), "La menace d'extradition pèse toujours sur Mourad Dhina"
Jeune Afrique (06.06.2012), "France - Algérie : l'ex-membre du FIS Mourad Dhina sera fixé sur son sort vers le 20 juin"
France-Irak Actualité (22.06.2012), "Affaire Dhina : Ubu roi... à Alger"
Le Monde (France, 04.07.2012), "La France n'extradera pas l'opposant algérien Mourad Dhina"
Slate Afrique (04.07.2012), "Mourad Dhina, l'ex-membre du FIS qui dérange le régime algérien"
Liberté (Algeria, 05.07.2012), "Libéré mercredi en France – Mourad critique la justice algérienne"
Liberté (Algeria, 05.07.2012), "Extradition de Mourad Dhina: La France dit non à l'Algérie"
L'Hebdo (Switzerland, 19.07.2012), "Mourad Dhina : « Les opprimés d'hier ne doivent pas devenir les oppresseurs d'aujourd'hui »"
Le Temps (Switzerland, 20.07.2012), "Affaire Dhina: « gifle » pour l'Algérie"
Tribune de Genève (Switzerland, 30.07.2012), "Sorti des geôles françaises, l'opposant algérien Mourad Dhina célèbre sa victoire judiciaire"

Anglais :
Ahram (Egypt, 17.01.2012), "Arab rights group says director detained in France"
Swissinfo (Switzerland, 17.01.2012), "Swiss-based Algerian dissident detained"
LSE Blog (New Zealand, 26.01.2012), "Gordon Campbell on the arrest of Mourad Dhina"
LSE Blog (United Kingdom, 27.01.2012), "Algeria at Fifty and the Regime's successful Fiascos"
Aljazeera (20.03.2012), "Algerian dissident silenced by France"

Arabe :
Quds Press International News Agency (Palestine, 24.01.2012), زيتوت لـ"قدس برس": دهينة يواجه تهمة تكوين جماعة "إرهابية" في سويسرا
Qawim (29.01.2012), الحرية للعالم النووي مراد دهينة!
Swissinfo.ch (Switzerland, 18.07.2012), مُراد دهينة يتحدث عن محاولة تسليمه إلى السلطات الجزائرية

Autres :
El Imparcial (Spain, 18.06.2014, Spanish), "Intelectuales árabes exigent a Francia la liberaciòn del opositor argelino Murad Dhina"
Dapd (Switzerland, 17.01.2012), "Algerischer Menschenrechtler wegen Terrorvorwürfen festgenommen"

Pour en savoir plus sur l'arrestation et la détention de Mourad, veuillez cliquez ici.

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2013 : Le fondateur d'Alkarama, le Dr. Al Nuaimy, sur la Liste du département du Trésor américain

Alkarama Aujourd'hui

Alkarama est aujourd'hui composée de neuf employés à plein temps à Genève, et de trois représentants dans le Monde arabe. La Fondation forme également environ une dizaine de stagiaires par an dans ses départements juridique et médias.