Mise à jour – Aujourd'hui, les neuf activistes détenus à la prison centrale de Samael ont entamé une grève de la faim pour protester contre leur détention arbitraire.
1er février 2013 - Les autorités omanaises doivent libérer immédiatement neuf cyber-activistes actuellement détenus pour avoir exprimé leurs opinions à la prison centrale de Samael
Le 16 janvier dernier, la Cour d'appel de Muscat a confirmé les verdicts prononcés à l'encontre de neuf cyber-activistes qui vont purger des peines de prison allant d'une année à une année et demie. Depuis février 2011, au moins 150 militants omanais ont été arrêtés et des dizaines détenus uniquement pour avoir appelé à des réformes démocratiques dans une vague de répression contre la liberté d'expression.
Accusés de crime de « lèse-majesté »...
Les neuf cyber-activistes arrêtés entre mai et juillet 2012 par les services de sécurité omanais ont été accusés le 12 juin 2012 de crime de « lèse-majesté », d'avoir violé « la loi omanaise des technologies d'information » et de « nuire aux valeurs du pays ».
Le 8 août 2012, la Cour de première instance a prononcé son verdict à l'encontre des militants condamnés à des peines allants de 12 à 18 mois de prison et 1000 riyals d'amende sur les mêmes accusations. Les détenus ont été cependant libérés sous caution après la décision, dans l'attente que la cour d'appel rende sa décision finale. Durant cette période, ils n'ont pas pu reprendre leur travail et ont été interdits de voyager.
Enfin, le 16 janvier 2013, après la quatrième audience, la Cour d'appel de Muscat a confirmé les verdicts prononcés par la Cour de première instance contre le groupe et ordonné leur réincarcération. Le juge a cependant amnistié Ishaq Al Aghbari, l'un des activistes et a réduit la peine de son frère Ali Al Hijji à 6 mois.
Les militants condamnés à 12 mois de prison et à 1000 riyals omanais d'amende sont :
- Osama Al Tuwayyah (اسامة ال تويه), 21 ans (né le 11 juin 1992), Muscat, étudiant à l'université, arrêté en juillet 2012
- Ahmed Al Ma'mari (احمد المعمرى), 25 ans, Liwa, employé des forces spéciales, arrêté en juillet 2012
- A'wad Al Sawafy (عوض الصوافى), 37 ans (né le 19 juillet 1976), Ibri, homme d'affaires, arrêté en juillet 2012
- Mokhtar Al Hana'i (مختار الهنائى), 25 ans (né le 2 juillet 1988), Nizwa, journaliste, arête le 11 juin 2012
- Ishaq Al Aghbari (اسحاق الاغبرى), 33 ans (né le 10 juin 1980), Izki, homme d'affaires, arrêté le 5 juin 2012
Les militants condamnés à 18 mois de prison et à 1000 riyals omanais d'amende sont :
- Hassan Al Raqieshy (حسن خميس بن محمد الرقيشى), 35 ans, Izki, homme d'affaires, arête le 8 juin 2012
- Mahmoud Al Jamoudy (محمود الجامودى), 37 ans (né le 13 juin 1976), Nizwa, Conseiller sanitaire au ministère de la Santé, 11 juin 2012
- Isma'il Al Muqbali (اسماعيل المقبالى), 31 ans (né le 25 avril 1981), Muscat, employé dans une compagnie de pétrole, arrêté le 31 mai 2012
- Ali Al Hijji (على بن مبارك بن خميس الحجى), 35 ans (né le 17 décembre 1974), Manah, homme d'affaires, arrêté le 8 juin 2012
Appeler à des réformes démocratiques : un crime de lèse-majesté ?
Dans le contexte de la vague de contestations qui a secoué le Monde arabe en 2011 et 2012, le Sultanat d'Oman a été le théâtre de manifestations pacifiques appelant à des réformes démocratiques et demandant une réelle participation politique des citoyens. Les neuf militants ont participé à des rassemblements à Muscat devant le bâtiment du Majlis Al Shura (la chambre basse du parlement connu sous le nom du Conseil omanais).
Les neuf militants étaient également actifs sur les réseaux en ligne : ils publiaient des articles et signaient des pétitions appelant à davantage de liberté d'expression et dénonçant la corruption à Oman.
Libéré sous caution en attente de la décision finale, l'un d'entre eux Osama Al Tuwayyah a publié un article en ligne le 12 décembre 2012 dans lequel il a critiqué et remis en question la transparence de système judiciaire et le climat d'impunité. Il écrit :
" Notre système judiciaire ne fait rien que protéger la corruption ... Notre système judiciaire n'est pas transparent et favorise l'impunité...»
Quelques jours plus tard, le 20 décembre 2012, Ismail Al Muqbali un autre militant écrivait sur son compte Twitter :
« La chambre basse sera incapable de répondre aux demandes du peuple à moins qu'il ne parvienne à adopter des politiques qui soient de réelles initiatives et des actions concrètes... ».
Osama, Ismail et les autres purgent actuellement leurs peines à la prison centrale de Samael à 70 km au sud de Muscat, où au moins 35 autres militants des droits de l'homme sont détenus sur de fausses accusations. Depuis leur première arrestation l'été dernier, tous les membres du groupe ont été détenus incommunicado pendant au moins 100 jours.
Alkarama condamne fermement la vague de répression actuelle qui touche le groupe des militants des droits de l'homme à Oman. Il ne fait pas de doute que ceux-ci qui ont été pris pour cibles pour avoir appelé à un meilleur respect des droits civils et politiques dans le pays. La plupart des activistes, s'ils ne sont pas en prison, poursuivent leurs activités légitimes en dépit des intimidations, des menaces et des attaques personnelles qui sont leur lot quotidien.
Un autre groupe de défenseurs des droits de l'homme omanais est en attente de son verdict qui devrait être prononcé le 27 février prochain au terme de dix audiences.
Aujourd'hui Alkarama a soumis le cas des neuf cyber-activistes au Groupe de travail sur la détention arbitraire de l'ONU, lui demandant d'intervenir auprès des autorités omanaises pour libérer immédiatement et inconditionnellement les activistes et mettre un terme à leur persécution.
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