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Les 5 et 12 décembre derniers, la Cour d'appel de Muscat a confirmé les verdicts prononcés dans l'affaire de Said Ben Sultan Al-Hashimi, défenseur des droits de l'homme omanais de 36 ans, et de 28 autres militants. Ils avaient été condamnés le 8 août dernier à des peines de prison pour avoir « insulté le sultan » et pour « rassemblement illégal ». Alkarama condamne fermement la détention arbitraire de Said Al-Hashimi et des 28 autres. Leur condamnation arbitraire constitue une violation de leurs droits à la liberté d'expression et au rassemblement pacifique qui sont garantis par les législations omanaise et internationale.

Le sultanat d'Oman a régulièrement été depuis plus d'un an le théâtre de manifestations appelant à des réformes, dénonçant la corruption, et exigeant le respect des droits civils et politiques fondamentaux des citoyens omanais et la garantie d'une réelle participation politique. Depuis 2011, M. Said Ben Sultan Al-Hashimi, employé à la Chambre haute du Conseil d'Etat d'Oman et célèbre écrivain, défendu publiquement une réforme institutionnelle à Oman. A de nombreuses reprises, il s'est exprimé devant les médias omanais et internationaux sur la situation des droits de l'homme dans son pays. Said Al-Hashimi participait régulièrement à des sit-ins et des manifestations organisés devant la Chambre basse du Conseil d'Etat d'Oman à Muscat aux côtés d'autres militants des droits de l'homme.

Simulacre d'exécutions dans le désert d'Oman...
Le 8 avril 2011, Said Al-Hashimi et une autre militante omanaise Bassma Al-Rahji ont été enlevés par des agents des services de sécurité de l'Etat masqués et en civil. Ils ont été emmenés dans le désert où ils ont été sauvagement battus et subi de fortes pressions psychologiques. Les agents ont notamment organisé un simulacre d'exécutions à leur encontre. Said et Bassma, meurtris par les coups reçus et choqués par cette mise en scène cruelle, ont été abandonnés par les agents sur les lieux.

Said Al-Hashimi a ensuite porté plainte auprès des autorités compétentes mais à ce jour, elles ne se sont toujours pas prononcées sur les résultats de l'enquête.

Cet enlèvement qui visait clairement à dissuader Said Al Hashimi à participer au mouvement des rassemblements pacifiques, n'a pourtant pas empêché M. Al-Hashimi de continuer à s'exprimer publiquement devant les médias. Le 22 août 2011, il appelait publiquement des réformes politiques et institutionnelles lors d'une interview sur Al-Hurra TV.

Il a également continué de participer à des manifestations organisées par d'autres militants et des familles de détenus. Le 9 juin dernier, il était présent aux côtés des familles des défenseurs des droits de l'homme Ismail Al-Muqbali et Habiba Al-Hina'i et de l'éminent avocat omanais Yacoub Al-Kharoussi pour protester contre l'arrestation arbitraire de ces trois militants 10 jours plus tôt.

Arrestation et détention arbitraires
Deux jours plus tard, le 11 juin 2012, des dizaines de personnes se sont rassemblées pacifiquement devant le siège de la police à Muscat pour demander des informations sur Mlle Al Hina'i et MM. Al-Muqabli et Al-Kharoussi. A 18h, M. Al-Hashimi et les autres manifestants (7 femmes et 21 hommes) ont tous été arrêtés par les forces spéciales de la police omanaise, menottés et transférés dans des centres de détention sans avoir été informés des raisons de leur arrestation. Après 16 jours passés à la Prison centrale de Sama'il, M. Al Hashimi a été transféré à la prison des services de renseignement à Muscat.

M. Al-Hashimi a été présenté pour la première fois devant le juge une semaine après son arrestation. Quatre audiences ont eu lieu avant que le verdict ne soit prononcé le 8 août. Ce jour-là, M. Al-Hashimi a été condamné avec d'autres militants à 18 mois de prison pour « rassemblement illégal » (6 mois), « entrave à la circulation » (12 mois) et une amende de 200 Rials (520 dollars américains). De plus, de nombreux médias omanais ont publié les photographies et les noms des manifestants ont été publiés pour tenter d'humilier leurs familles.

La Cour d'appel a confirmé la condamnation de M. Al-Hashimi à 18 mois le 12 décembre dernier. Libéré sous caution après le verdict du tribunal de première instance prononcé le 8 août, M. Al-Hashimi a de nouveau été arrêté le 12 décembre. Il est actuellement détenu à la prison centrale de Sama'il pour purger sa peine de 18 mois.

L'arrestation et la détention de M. Al-Hashimi sont exemplaires de la vague de répression qui vise les citoyen(ne)s omanais (e ) exerçant leurs droits à la liberté d'expression et d'assemblée tels que garantis par la législation omanaise et internationale. La lourde condamnation prononcée à son encontre et celle des autres militants ainsi que la publication de leurs noms et photographies attestent d'une volonté manifeste de la part des autorités omanaises de dissuader les citoyens omanais d'exercer leurs droits fondamentaux.

Alkarama condamne fermement l'arrestation et la détention arbitraires des 29 militants des droits de l'homme et demande aux autorités omanaises des les libérer immédiatement. Nous avons soumis le cas de Said Al-Hashimi au Groupe de travail sur la détention arbitraire de l'ONU le 27 décembre 2012.

Pour plus d'informations ou une interview, veuillez contacter media@alkarama.org (Dir: +41 22 734 10 08).