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Le 23 mai dernier, Alkarama a adressé un appel urgent à la Haute commissaire des droits de l'homme, Mme Navanethem Pillay, lui demandant de saisir le Conseil de sécurité de l'ONU afin qu'il requiert l'ouverture d'une enquête par la Cour pénale internationale sur les meurtres de civils commis au cours des événements actuels en Syrie.

Depuis le début des manifestations en faveur de réformes démocratiques le 15 mars dernier, les services de Sécurité syriens se rendent coupable de violentes répressions à l'égard des manifestants pacifiques. Notre organisation avait immédiatement saisi les procédures spéciales des Nations Unies de plusieurs centaines de cas documentés d'atteintes au droit à la vie. Ainsi, plusieurs communications relatives au décès de 781 manifestants ont été soumises à M. le Rapporteur spécial sur les exécutions sommaires et extra judiciaires.
A ce jour, ce sont plus de 1200 arrestations qui ont été rapportées à Alkarama par ses sources en Syrie, et le cap des mille exécutions extrajudiciaires a été récemment franchi, ce qui ne semble pourtant pas susciter de réaction adéquate de la part de la Communauté internationale.

En dépit de la levée de l'état d'urgence et de l'abolition de la Cour de sécurité d'Etat le 20 avril 2011, des milliers de personnes continuent d'êtres arrêtées, torturées et exécutées pour leur soutien aux manifestations pacifiques. Alkarama s'inquiète particulièrement du sort des militants des droits humains, sous le coup de persécutions qui les forcent, dans le cas où ils n'auraient pas déjà été arrêtés, à la clandestinité. Les sources syriennes de notre organisation ont rapporté l'existence de listes recensant les défenseurs des droits de l'Homme en vue de leur arrestation.

La situation continue à se dégrader en dépit de l'adoption de la Résolution S-16/1 lors de la session extraordinaire du Conseil des droits de l'Homme le 29 avril 2011 et des appels répétés aux autorités syriennes à la retenue. Les forces de sécurité se sont désormais attaquées aux hôpitaux et aux ambulances, ainsi qu'à des personnes ne prenant pas part aux protestations. Des rapports ont révélé que les écoles et même le stade Al Baladi à Daraa seraient utilisés comme centres de détention pour les personnes arrêtées.

Alkarama exprime également ses inquiétudes les plus vives en ce qui concerne la responsabilité directe dans la répression de la population civile du dirigeant de l'État syrien, commandant en chef des forces armées, ainsi que celle de ses proches parents dont son frère Maher Al Assad. Il ne fait pas de doute que les violations excessivement graves qui ont cours en Syrie justifient une grande fermeté de la part des Institutions internationales, car l'implication directe du chef de l'État et des membres de sa famille dans les meurtres de civils « dans le cadre d'une attaque généralisée et systématique lancée contre la population et en connaissance de cette attaque », constitue un crime contre l'humanité au sens de l'article 5 du Statut de Rome.

Bien que la Syrie ne soit pas partie au Statut de Rome, la Cour pénale internationale peut exercer sa compétence si « une situation dans laquelle un ou plusieurs de ces crimes paraissent avoir été commis est déférée au Procureur par le Conseil de sécurité agissant en vertu du chap. VII de la Charte des Nations Unies ». C'est dans ce sens qu'Alkarama a demandé à Mme la Haute commissaire des Droits de l'Homme d'user de ses hautes prérogatives pour faire ouvrir une enquête sur ces violations graves qui ont cours en Syrie depuis maintenant plus de deux mois.