Alkarama a soumis le cas d'un citoyen syrien, Azad Abdo, à la Commission d'enquête des Nations Unies sur la République arabe syrienne, au sujet de la détention secrète d'Abdo par l'État islamique en Irak et al Sham (ISIS) depuis son enlèvement en novembre 2013.
Abdo, un militant kurde syrien de 29 ans, travaillait avec les médias locaux pour documenter les violations des droits de l'homme commises par le régime syrien dans sa ville natale d'Ar Raqqa et était engagé pour aider les syriens déplacés par le conflit en cours. Enlevé devant son domicile par des combattants d'ISIS masqués et lourdement armés, Abdo a été battu dans les rues avant d'être emmené de force dans une voiture vers une destination inconnue.
Pendant sa recherche, sa famille a été informée par des témoins qu'il était détenu à Mabna al Mohafaz, le bâtiment du gouvernorat de Raqqa, qui sert aujourd'hui de siège à l'ISIS et de centre de détention. L'ISIS n'a donné aucune explication de sa détention, et aucun de ses parents n'a été autorisé à le voir depuis son enlèvement. « Ma famille est soumise à un harcèlement constant de l'ISIS: ils menacent de nous arrêter aussi si nous posons trop de questions », a déclaré Wassim, le frère d'Abdo.
Raqqa, qui a été le théâtre de violents affrontements entre les insurgés et l'armée syrienne depuis le printemps 2013, est devenu le siège de l'ISIS, dont les combattants ont commis de graves violations des droits de l'homme, y compris enlèvements, torture, détentions arbitraires et exécutions sommaires dans tout le pays. Les partisans de l'opposition, qui ont pris les armes pour mettre fin au régime de Bachar Al Assad, sont rapidement devenus divisés entre l'Armée syrienne libre, le Front islamique, et les groupes djihadistes comme le Front Al Nusra ou ISIS.
« Les acteurs non étatiques tels que les groupes armés, y compris l'ISIS, ne sont pas exonérés de respecter les droits humains internationaux et du droit humanitaire », explique Inès Osman, coordonnatrice juridique d'Alkarama sur le Mashreq. « Toutes les parties au conflit doivent être tenues responsables des violations systématiques et généralisées des droits de l'homme commises contre les civils syriens. »
Compte tenu des informations présentées ci-dessus, Alkarama a renvoyé l'affaire d'Abdo à la Commission d'enquête l'ONU, créée le 22 août 2011 par une résolution du Conseil des droits de l'homme pour enquêter sur « toutes les violations présumées du droit international des droits humains [en Syrie] depuis mars 2011 » et pour veiller à ce que « les auteurs de violations, y compris de celles qui peuvent constituer un crime contre l'humanité, seront tenus pour responsables ». Depuis le déclenchement de la violence en mars 2011, le conflit en Syrie a déjà entraîné la perte de plus de 150.000 morts et provoqué la fuite de près de 9 millions personnes, dont environ 6,5 millions de personnes déplacées dans le pays.
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