Les services de sécurité syriens ont arrêté entre fin août et fin novembre 2008 huit personnes à Qamishli, ville située au nord-est du pays. Ces personnes ont depuis disparu. Alkarama a soumis une communication au Groupe de travail sur la disparition forcée, lui demandant d'intervenir auprès des autorités syriennes.
Il s'agit des huit jeunes hommes suivants qui tous demeurent à Qamishli et sont de nationalité syrienne, à l'exception de l'un d'entre eux:
1.Oscan Munzer (اوسكان منذر), né en 1977, anesthésiste de profession, a été arrêté à son domicile le 28 août 2008 par des membres des services de sécurité en civil.
2. Oscan Nidal (أوسكان نضال ), né en 1972, ingénieur agricole, a été arrêté à son domicile le 2 septembre 2008 par des membres des services de sécurité en civil.
3. Khalaf Abdel Baki (خلف عبد الباقي ), né en 1966 et commerçant, a été arrêté le 2 septembre 2008 près de son magasin situé dans le marché central de Qamishli par des membres des services de sécurité en civil.
4. Oscan Riad (اوسكان رياض ), né en 1974, enseignant, a été arrêté le 2 octobre 2008 dans l'établissement dans lequel il travaille par des membres des services de sécurité en civil qui lui ont reproché d'avoir fait des recherches à propos du sort de ses deux frères arrêtés en août et septembre 2008.
5. Rasho Ali Kadar (راشو علي كادار), né en 1981, s'occupant de travaux occasionnels, a été arrêté le 27 octobre 2008 à son domicile par des membres des services de sécurité en civil.
6. Rasho Bengin (راشو بنجين ), né en 1979, chauffeur de taxi, a été arrêté à son domicile le 27 octobre 2008 par des membres des services de sécurité en civil.
7. Rasho Lokman (راشو لقمان), né en 1972, demeurant au village Rasho situé près de Qamishli est fermier. Il n'a pas obtenu la nationalité syrienne lors de sa naissance, à l'instar de nombreux Kurdes de Syrie. Il a disparu le 1er novembre 2008 après s'être présenté lui-même au quartier général des services de sécurité de Qamishli pour exiger la libération de son épouse et de sa mère qui avaient été prises en otage le 27 octobre afin qu'il se rende.
8.Oscan Kawa (اوسكان كاوا), né en 1974 et entraîneur de sport, a été arrêté à son domicile le 28 novembre 2008 par des membres des services de sécurité en civil.
Ces huit hommes font partie des 24 personnes arrêtées dans la région de Qamishli entre août et novembre 2008 et dont le sort reste à ce jour inconnu. Aucun d'entre eux n'a été interpellé sur mandat de justice.
Le 1er septembre 2008, deux dirigeants kurdes de partis d'opposition, Talal Mohammad du parti Wifaq et Mashaal Tammo du mouvement du Futur, connus pour avoir souvent critiqué le gouvernement, ont été arrêtés. Ces arrestations ont suscité de vives condamnations internationales.
Selon des observateurs, la disparition des personnes sus-mentionnées, ainsi que celle des 16 autres serait liée à l'arrestation des deux dirigeants politiques.
Les familles des disparus ne disposent d'aucune voie de recours interne qui leur permette de connaître le sort de leur parent. Riad Oscan qui a tenté de faire de recherches pour connaître le sort de ses frères, a lui-même disparu. Lokman Rasho a lui aussi disparu quand il s'est rendu aux autorités pour faire libérer son épouse et sa mère prises en otage. Les actions du groupe de travail sont le seul moyen pour ces familles de retrouver leurs proches.
Ces représailles font craindre aux familles de subir le même sort et les empêchent de faire des recherches pour connaître le lieu de détention de leurs parents disparus.
Alkarama demande en conséquence au Groupe de travail sur la disparition forcée d'intervenir auprès des autorités syriennes afin qu'elles libèrent les détenus ou les présentent à la justice, rappelant que l'Etat a ratifié le Pacte international relatif aux droits civils et politiques le 21 avril 1969 et la Convention contre la torture le 19 août 2004.