Malheureusement, Al-Hassani est actuellement détenu à la prison d'Adra avec son avocat Haitham Al-Maleh. Il ne sera très probablement pas en mesure d'effectuer le déplacement jusqu'à Genève pour la cérémonie de remise de prix au mois d'octobre prochain. Bien qu'ils n'aient pas été arrêtés au même moment, Al-Hassani et Al-Maleh sont tous deux accusés d' « atteinte au sentiment national » et de « diffusion de fausses informations ». Al-Hassani a été placé sous surveillance constante les 6 dernières années par les services de sécurité syriens. Il est actuellement interdit de voyage.
Arrestation d'Al-Hassani
Al-Hassani a été arrêté le 28 juillet 2009 pour avoir assisté à des audiences publiques de la Cour suprême de la sûreté de l'Etat de Damas, ce qui est illégal en Syrie. Le 10 novembre 2009, alors qu'il était en prison, Al-Hassani a été radié de l'ordre des avocats de Syrie par le Barreau de Damas. Aussi, il ne pourra plus être en mesure d'exercer sa profession.
Il partage actuellement sa cellule de prison avec soixante-dix autres détenus et n'a pas accès à des soins médicaux appropriés.
(de gauche à droite) Rémy Pagani, Hans Thoolen, Reed Brody |
Après la conférence de presse du Prix Martin Ennals, Reed Brody a ajouté que l'annonce du lauréat de cette année représente un signal fort que la Fondation a voulu envoyer non seulement au gouvernement syrien mais aussi aux Etats occidentaux qui ont préféré se focaliser sur les altercations de la Syrie avec Israël et l'Iran plutôt que de tenter de régler la question des violations des droits de l'homme en Syrie
Hans Thoolen a dit qu'il pensait inviter l'ambassadeur de la Syrie à Genève pour la cérémonie de remise de prix de cette année, en ajoutant : « il est déjà arrivé par le passé que des ambassadeurs des pays dont les lauréats étaient des ressortissants aient participé aux cérémonies. »
Contexte
Depuis de nombreuses années, les autorités syriennes se sont appliquées à mettre en place des mesures pour étouffer la liberté d'expression dans le pays et avoir la mainmise sur la société civile. En effet, tant les défenseurs des droits de l'homme que les journalistes et les blogueurs ont été victimes d'une campagne de répression visant à les empêcher d'exprimer librement leurs opinions. Parmi les cas syriens traités récemment par Alkarama, nombreux sont ceux qui ont été victimes de disparition forcée et de détention arbitraire pour avoir exercé leur droit à la liberté d'expression.
La récompense d'Al-Hassani permet d'attirer l'attention de l'opinion publique non seulement sur le lauréat du MEA 2010 mais aussi sur tous les autres défenseurs des droits de l'homme syriens qui se trouvent derrière les barreaux pour avoir tenté de d'exprimer librement leurs opinions. En effet, Haitham Al-Maleh par exemple, l'avocat d'Al-Hassani, a été arrêté après avoir accordé un entretien téléphonique à Barada TV, chaîne de télévision basée à Londres. D'autres comme Sheikh Abdul Rahman Koki et Ma'an Aqil, emprisonnés pour des raisons similaires ont été par la suite fort heureusement été libérés.