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Alkarama condamne fermement la répression en cours sur une grande partie de la population syrienne, en particulier lorsqu'il s'agit d'attaques sans distinction dans des zones résidentielles. En outre, nous sommes profondément préoccupés par des récits assurant le recours systématique à la torture ainsi que le recours généralisé aux disparitions forcées par les services de sécurité syriens. Les cibles de ces actes sont pour la plupart des opposants politiques et des défenseurs des droits de l'homme ainsi que leurs proches. Il y a aussi des civils sans aucun lien évident avec un des groupes d'opposition. Alors que les individus relâchés donnent des témoignages choquants de torture et de mauvais traitements lorsqu'ils sont aux mains des services de sécurité, il y a des raisons valables de craindre pour la vie des disparus.
Nous sommes continuellement informés de cas de disparitions forcées et avons présenté entre autres la situation des personnes suivantes au Groupe de travail des Nations Unies sur les disparitions forcées ainsi que d'autres procédures spéciales:

M. Ibrahim Taha (32 ans) et son frère, M. Taha Taha, ont été arrêtés respectivement fin novembre et début décembre 2011. Le 28 Novembre 2011, M. Ibrahim Taha, père de deux enfants, a été informé qu'un de ses proches avait été amené à l'Hôpital d'Al Razi dans le quartier d'Al Mazza à Damas. Arrivé sur place, il s'est avéré qu'il s'agissait d'un guet-apens : les agents des services secrets de l'Armée de l'Air l'attendaient pour l'arrêter. Il a réussi à téléphoner à sa famille quelques jours plus tard et un détenu récemment libéré a confirmé que Ibrahim Taha était détenu au Centre des Services de l'Armée de l'Air à l'aéroport d'Al Mazza dans la banlieue de Damas. Le témoin a en outre laissé entendre que Ibrahim Taha, soumis à la torture, était dans un état sanitaire déplorable.

Après l'arrestation de Ibrahim Taha, son frère Taha Taha s'est rendu compte qu'il était sous constante observation. Il a en effet été arrêté une semaine plus tard, le 5 Décembre 2011, lorsque des agents des Services de l'Armée de l'Air (mukhabarat) en vêtements civils sont venus sur son lieu de travail au Ministère du Logement à Al Qudsiya, dans la banlieue de Damas. Il est à croire que lui aussi est détenu à l'aéroport militaire d'Al Mazza  dans lequel il serait soumis à de la torture sévère. Toutefois, puisque la famille n'a aucun moyen de contacter l'un des frères Taha, leur emplacement et leur condition physique sont maintenant inconnus.

M. Nabil Al Shurbaji a été arrêté le 26 Février 2012, après que lui et deux de ses amis ont été arrêtés par des agents de renseignement de l'Armée de l'Air à un point de contrôle à Daraya, dans le Gouvernorat de Rif Dimashq. Sur présentation de sa carte d'identité, M. Al Shurbaji a immédiatement été sorti de la voiture et emmené. Depuis lors, M. Al Shurbaji a disparu, mais il y a des raisons de croire qu'il est détenu à  l'aéroport militaire d'Al Mazza. Sur la base de récits de particuliers qui décrivent l'utilisation systématique de la torture dans ce centre de détention, Alkarama craint sérieusement pour la vie de M. Al Shurbaji.

M. Al Shurbaji est un membre de "Shabab Daraya", un groupe de citoyens engagés qui entreprennent des actions telles que des campagnes contre le tabagisme ou l'organisation de marches en signe de solidarité avec le peuple irakien lors de l'invasion des forces armées américaines en 2003. Jusqu'à son arrestation, M. Al Shurbaji a également participé à des manifestations pacifiques contre le gouvernement syrien et nous avons des raisons de croire que sa disparition récente est liée à son exercice légitime de son droit à la liberté d'opinion et d'expression et à la liberté de réunion pacifique et d'association. Nous rappelons que de nombreux membres de sa famille ont été victimes à des arrestations arbitraires, de disparitions et de tortures, y compris les frères et sœurs Yahya  et "Ma'an" Mohamed Al Shurbaji qui ont disparu il y a plus de 5 mois.

Le 19 Février dernier à 11 h, M. Fady Kahlous et son beau-frère, M. Mohammad Tawfiq Anjileh, ont été arrêtés par des agents armés des forces de sécurité dans le district d'Al Afif à Damas, après un raid sur la résidence temporaire de M. Kahlous. Ces derniers ont fait irruption dans l'appartement après avoir bloqué la rue avec des voitures civiles. Quand ils ont trouvé M. Kahlous et M. Anjileh, ils les ont arrêtés et conduits dans un lieu inconnu. Depuis lors, les familles/amis respectifs(ves) de M. Kahlous et M. Anjileh ont perdu tout contact.

Alkarama considère le recours répandu à la disparition forcée comme étant l'une des pires formes de torture. En effet, non seulement la victime elle-même est privée de la plupart de ses droits fondamentaux garantis par le Droit International, mais la famille et les amis souffrent aussi de l'incertitude quant au sort de leurs proches. Nous demandons donc aux autorités syriennes que M. Ibrahim et Taha Taha, M. Nabil Al Shurbaji et ses proches ainsi que M. Fadi Kahlous et son frère, M. Mohammad Anjileh, soient immédiatement libérés ou qu'ils soient placés sous la protection de la loi.