Le 14 septembre 2015, Alkarama a saisi en urgence le Rapporteur spécial sur le droit qu'a toute personne de jouir du meilleur état de santé physique et mentale possible (SR HEALTH) et le Rapporteur spécial sur la torture (RST) du cas de Radhouane Gharsallaoui, arrêté par la brigade antiterroriste le 30 novembre 2014. Détenu au secret pendant plusieurs jours, M. Gharsallaoui est actuellement incarcéré à la prison civile de Mornaguia, à 15km à l'ouest de Tunis, où son état de santé s'est considérablement détérioré depuis qu'il s'est vu refuser son traitement médical par les autorités de la prison il y a quelques mois.
Peu avant son arrestation, M. Gharsallaoui avait appris qu'il était atteint d'une maladie lui provoquant d'importants rhumatismes, de fortes migraines et des douleurs sur tout son corps. Ainsi, le médecin lui avait prescrit un traitement ainsi que des analyses après une période de six mois afin d'adapter le traitement en conséquence. Si, pendant les premiers mois de sa détention, sa famille lui faisait régulièrement parvenir ses médicaments, M. Gharsallaoui s'est vu au bout de six mois refuser son traitement ainsi que les analyses médicales prescrites par le médecin.
En guise de protestation, M. Gharsallaoui a alors entamé une grève de la faim à la mi-août et pour une durée d'une semaine environ, pour seule réponse aux demandes répétées de sa famille et de ses avocats, l'administration de la prison a soumis la victime à une prise de sang fin août. Toutefois, M. Gharsallaoui n'a à ce jour pas reçu les résultats des analyses qui devaient être effectuées, ni été autorisé à reprendre son traitement ou consulter un médecin. Son état physique s'est notablement détérioré depuis l'arrêt du traitement.
Lui ayant rendu visite récemment, sa femme a constaté une nouvelle fois la notable détérioration de son état de santé. Son mari était en effet incapable de se mouvoir, et aurait perdu l'usage de sa main pendant plusieurs jours. Placé dans une cellule surpeuplée et insalubre dans laquelle 110 détenus s'entassent dans une pièce initialement conçue pour 40 personnes, M. Gharsallaoui est par ailleurs tenu de partager ses repas dans un plat commun avec 15 autres détenus, et ne peut dormir qu'à tour de rôle dans un lit qu'il partage avec deux ou trois autres détenus.
D'après son épouse, il est aujourd'hui méconnaissable : « De visite en visite, mon mari maigrit chaque fois un peu plus mais il ne me donne que très peu d'informations sur ses conditions et son état de santé, j'imagine qu'il veut nous préserver », explique-t-elle.
Alkarama, qui partage les craintes de la famille de M. Gharsallaoui quant à son état de santé qui ne cesse de se dégrader, a demandé aux procédures spéciales d'appeler en urgence les autorités tunisiennes à tout mettre en œuvre afin de fournir à M. Radhouane Gharsallaoui un traitement et un suivi médical adéquat et améliorer ses conditions de détention.
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